Bamboo & Grand Angle : Mon père ce poivrot, Les énigmes de Léa T2

/ Critique - écrit par plienard, le 18/01/2019

Les préjugés vous feront peut-être croire que cette histoire d'alcoolique ne vaut pas grand chose. Ce serait dommage. Quand à Léa, elle continue de nous impressionner par son coup d'oeil.

Mon père ce poivrot - note : 8,5/10

Le poids des clichés et des préjugés est parfois lourd à porter et il est difficile de s'en défaire. Et cet album nous le prouve.

Avec un titre pareil, et au vu de la couverture, on peut s'attendre - ce sont nos préjugés - à une histoire d'alcoolique façon BD franco-belge où l'humour d'ivrogne et de brèves de comptoirs doit faire passer la pilule d'une histoire médiocre.

Et ça ne rate pas. Dès la première page, on se retrouve dans un bar du 93 où une sorte de travelo mal dégrossi vient rejoindre quatre piliers de bar du lieu tenu par un certain Salim. Parmi ceux-là, un homme attire tout de suite l'attention. En train de cuver sa cuite sur le zinc, il lève la tête pour baver et baragouiner quelques paroles incompréhensibles. Un reportage des informations TV semblant avoir réveillé le pauvre vieux qui jure de ne plus boire d'alcool. Il se sent investi d'une mission : celle de sauver la vie de quelqu'un.


© Grand Angle 2019.

 

Stéphane Louis est l'auteur complet (scénario et dessins, couleurs de Véra Daviet) de cet album improbable qui réussit à la fois à nous divertir par son humour (sans être ridicule ou vulgaire) et nous montrer "autrement" la maladie de l'alcoolisme. "Autrement" car l'auteur a choisi l'humour léger et la sympathie pour décrire la maladie de son personnage. Et il n'hésite pas à sortir des poncifs de ce genre d'histoire avec le côté négatif de la décadence sociale, même si on la perçoit par moment. On découvre alors un album positif dans lequel son personnage qui ne s'apitoie pas sur lui-même et trouve une raison d'arrêter. Même si on sent que cela est compliqué.

L'auteur sait de quoi il parle puisque son père était alcoolique. Mais il prend bien soin de préciser que cela reste une fiction. Une précision qui se veut presque insistante dans la préface. Cependant il ne nous empêchera pas de penser - toujours nos préjugés - que cet album est aussi un bel hommage à son père et une véritable déclaration d'amour d'un fils.

 

Les énigmes de Léa - Tome 2 - note : 6,5/10

Léa est une jeune fille particulièrement perspicace, attentive et intelligente. Rien ne lui échappe. Un véritable Sherlock Holmes en culotte courte. Son oncle Olive est policier et n'hésite pas à faire appel à elle pour confondre un trafiquant de pièces d'or volées ou un voleur de bijoux.


© Bamboo 2019.

 

Thierry Nouveau met en scène toute sorte de situations que Léa va bien sûr résoudre d'un seul coup d'œil et que le lecteur va s'efforcer à reproduire, bien entendu. Philippe Larbier (Les fondus du jeu, Les petits Mythos) est le dessinateur de cette série rose bonbon, qui s'adresse volontairement à un jeune public féminin.

Ça rappelle évidemment les énigmes que tout le monde a pu lire dans un magazine jeunesse tels que le Journal de Mickey ou encore Pif (pour les plus anciens). Ça fait jouer sa concentration. C'est ludique, pas toujours évident. Il faut même parfois trouver deux indices au lien d'un habituellement.

L'originalité vient dans le fait que les énigmes s'enchaînent mais l'album tiendra-t-il le choc de plusieurs lectures ? Rien n'est moins sûr. C'est cependant une bonne idée de cadeau car la lectrice voudra vite se montrer aussi perspicace que Léa.

 


Les couvertures des 2 albums - © Bamboo © Grand Angle 2019.