Axo - Tome 1 - Nord-sud
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 07/09/2006 (Tags : eur humanoides berre axo tome fred nord
Malgré un pitch de base intéressant par sa portée, Axo se montre pour le moment peu convaincant, resservant les clichés habituels du cinéma américain d'explosion.
Et si les Etats-Unis, auxquels on reproche si souvent d'être partout, se recroquevillaient sur eux-mêmes ? Voilà un peu le pitch d'Axo, nouvelle série d'anticipation publiée par les Humanos. Nous sommes au milieu du vingt-et-unième siècle, et les Etats-Unis, pour se protéger du reste du monde, dans un élan isolationniste, ont construit mur réputé infranchissable entre son territoire et celui du Mexique, empêchant tout transit avec le reste du continent.
Les auteurs ont su garder le sens des proportions. Ils n'ont pas basé leur intrigue très loin dans le futur, et l'environnement technologique et esthétique présenté se montre assez cohérent, sans excès baroques. Toujours à peu près les mêmes armes, la même urbanité, les mêmes vêtements, avec forcément quelques innovations électroniques et informatiques. L'univers présenté n'est pas outrancier, quant on sait que c'est le principal écueil dans lequel tombent bien des récits d'anticipation en BD, on peut déjà compter un bon point. Le scénario est assez classique. On s'en doute dès les premières pages, le mur dit inviolable, merveille de technologie et de sûreté, se doit d'être, si ce n'est abattu, du moins franchi. L'expédition est montée par la jeune et belle Ella, qui veut aller rechercher son père, brillant scientifique, bloqué au sud. La série semble vouloir fonctionner comme les films d'action américains des années quatre-vingt, quatre-vingt-dix. Un défi, un commanditaire et, forcément, un homme hors du commun, unique, pour remplir cette mission.
Notre charismatique en question se nomme Axo, et donne logiquement son nom à la série. Sans surprise, on le présente comme le seul capable de franchir le mur, le seul l'ayant d'ailleurs déjà franchi. Comme la plupart des séries d'anticipation, Axo stimule l'esprit par une contextualisation politique alléchante, des enjeux et possibilités critiques multiples, mais déçoit par une typologie des personnages fade et rabâchée. Malgré quelques éclairs de violence, le personnage d'Axo n'intrigue ni ne passionne. Il est l'expert de l'intrusion et de l'évasion et symbolise la résistance à l'ordre établi. Tout cela sans véritable vigueur. Les personnages (le trio de mentors malfaisants, Marvin tel un Samuel Lee Jackson) et les scènes d'action (cascades en voiture, combats, infiltrations) nous ramènent à un blockbuster américain comme on en a déjà vu des millions. Les visages passe-partout dessinés par Buchet et la coloration infographique très basique de Turotti n'arrangent rien à la désagréable impression de fade et de déjà vu. Le plus agaçant demeure certainement les dialogues, avec des jurons en anglais qui débarquent d'on ne sait où, juste pour faire « classe » dirait-on.
Malgré un pitch de base intéressant par sa portée, Axo se montre pour le moment peu convaincant, resservant les clichés habituels du cinéma américain d'explosion. Il faudra pour les auteurs redresser la barre à tous les niveaux (réalisation graphique, dialogues, psychologie...) pour arriver à nous convaincre avec les prochains numéros.