3/10Attrape-moi

/ Critique - écrit par athanagor, le 08/02/2010
Notre verdict : 3/10 - L’insoutenable fatuité de l’être (Fiche technique)

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Voici, pour la Saint-Valentin, et selon Drugstore, une idée cadeau très pertinente. Si tant est, bien sûr, que le but soit de se la faire retourner en pleine tronche avec un coup dans les parties.

Garance vient de se séparer d'avec son mec, ce qui en fait automatiquement un sale con. Ainsi toutes ses amies s'accorderont à dire que c'est une très bonne chose qu'ils se soient séparés. Matthieu a 35 ans, vit toujours chez ses parents pleins aux as et est thésard en ethnologie. Leur rencontre, un peu difficile au début, va susciter la suite de cet album, sous forme de sketches censés nous faire rire, mais dont le seul constat extirpable se résumera à une consternation décourageante. Vulgaire, jamais drôle même en tentant de faire passer le tout pour de la caricature, expéditif au possible, ne s'appuyant que sur des
 personnages dont la vacuité intellectuelle ne peut se rapporter qu'à l'inutilité de leurs existences, l'album se lit au courage, qu'il faut invoquer à chaque fin de page.

La lecture de ces petites histoires finit par allumer et entretenir un léger, mais certain, sentiment de haine à l'encontre de la catégorie sociale qui y est dépeinte. Cette pulsion est encouragée, voire décuplée par l'accroche éditoriale qui voudrait que ces deux sombres crétins et leur ribambelle de potes décérébrés, et bien... c'est un peu nous (hi, hi, hi !). En fait de cela, cette idée apparaît vite comme intolérable, tant ils ressemblent à ceux dont on a le plus de mal à s'accommoder. Ceux qui hurlent dans leurs portables dans les bus bondés ; celles qui gloussent dans les bars cossus en se rerimelisant la face entre deux mojitos, avant de raconter à leurs meilleures copines (rencontrées le mois dernier) les pathétiques performances sexuelles de leurs mecs (mais le pauvre, avec sa toute petite *tnut* et sa calvitie naissante, c'est pas vraiment sa faute. Mais c'est quand même drôle, hi, hi, hi !), en y mettant le plus de coffre possible pour que les tables voisines en profitent ; ces mecs qui refusent tout contact avec des femmes aux fesses trop grosses, qui se vantent de prouesses sexuelles délirantes, et qui brocardent celles qu'ils ont larguées parce qu'elles n'aimaient pas la sodomie ou le dernierJuste un doigt ! (OUARF ! OUARF ! OUARF !)
Juste un doigt ! (OUARF ! OUARF ! OUARF !)
Beigbeder. Bref une portée de personnages insupportables à qui n'importe qui, avec un peu d'amour-propre, ne tolérera jamais de se voir comparé. Soit dit en passant, et pour ceux qui connaissent, ces personnages sont exactement ceux qui rendraient malade de rage la
Valentine d'Anne Guillard.

Les auteurs tentent bien parfois de faire passer ces gens-là pour des personnes navrantes dont il convient de se moquer, mais les tentatives sont peu crédibles et semblent se forcer en dehors de toute conviction. Ces passages tournent alors vite à une autodérision mal assumée, dont la modération prend les apparences suspectes de l'apologie. En dehors de ces quelques passages, l'ensemble est continuellement noyé dans une surenchère de vulgarité, marinée dans l'indigence intellectuelle qui s'ignore quand elle vit à Paris. En bref, là où l'album cherche à exposer des tranches de vies réalistes, nimbées de la maladresse et de l'érotisme qui dominent les premiers temps d'une relation amoureuse, il ne réussit à proposer que du trivial.

D'un point de vue technique, les dessins ne sont jamais affreux, ni déplacés et sont tout à fait à leur place dans un ouvrage qui se veut avant tout léger et divertissant, même s'il n'y parvient jamais. Pour ce qui est de l'écriture, il faudra encore une fois s'énerver. Alors OK, on se doute bien, vu sa teneur, que cette BD ne tombera que très difficilement entre les mains de jeunes enfants. Mais était-ce une raison pour la truffer de fautes d'orthographes, où de jeunes esprits seraient tentés de croire que décolleté s'écrit « décolté », ou que les pantoufles de papy sont des « charantaises » ?

Ah, SMS, quand tu nous tiens...