7.5/10Astérix - Tome 12 - Astérix aux Jeux Olympiques

/ Critique - écrit par riffhifi, le 31/12/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Des pains et des jeux (Fiche technique)

Tags : asterix jeux olympiques tome edition dargaud eur

Le dopage aux temps anciens selon Goscinny et Uderzo : peut-on prévoir un rapport entre cette calme visite de la Grèce et le blockbuster du mois prochain ?..

A un mois de la sortie redoutée du troisième film d'Astérix, vitrine de vedettes surpayées nageant dans une piscine d'effets spéciaux probablement destinés à masquer l'absence de scénario et de gags (il ne s'agit bien sûr pour l'instant que de spéculations), rappelons-nous que Astérix aux Jeux Olympiques est le premier des trois titres à venir directement de la longue liste dressée par Goscinny et Albert Uderzo (Mission Cléopâtre n'étant pas le titre exact de l'album d'origine...). L'album date de 1968, et permet de vérifier qu'il y a quarante ans, la question du dopage se posait déjà... Après avoir été gladiateurs et légionnaires, Astérix et Obélix s'y confrontent une nouvelle fois frontalement au monde romain, en participant aux Jeux Olympiques organisés à Athènes ; à l'époque, on ne se posait pas la question tous les quatre ans... Et puis honnêtement, les Gaulois auraient-ils vraiment fait l'effort d'aller jusqu'en Chine pour le simple plaisir de grimper sur un podium ?

Au camp d'Aquarium, les Romains sont en liesse : le champion Claudius Cornedurus s'apprête à partir pour les Jeux Olympiques en compagnie du centurion Tullius Mordicus. Informés de l'événement, les Gaulois s'en amusent et décident d'y participer eux aussi, au grand désespoir de leurs adversaires qui se voient déjà humiliés par les irréductibles friands de potion magique...


Si elle ne constitue pas le meilleur cru d'Astérix, l'aventure présente la particularité d'être la douzième des 24 imaginées par René Goscinny. Plus que l'envie de plonger les personnages dans l'arène, ce qu'ils avaient déjà fait dans Astérix gladiateur, Goscinny et Uderzo semblent ici vouloir explorer la Grèce, qui avait jusqu'ici échappé aux pérégrinations des Gaulois. A tel point que l'album tourne parfois à la visite guidée, la planche 24 par exemple constituant presque exclusivement une description de lieux grecs, à peine saupoudrée d'humour.

Heureusement, malgré le peu de dérision dirigé vers le peuple grec, sans doute le plus épargné de tous ceux qu'Astérix a rencontrés aux cours de ses voyages, Goscinny ne perd pas le Nord pour autant, installant à travers l'histoire les gags récurrents dont il a le secret (l'assaisonnement des champignons ramassés par Agecanonix, le balai dont Cornedurus se saisit chaque fois qu'il se sent voué à l'échec) et les jeux de mots érudits qui n'évitent ni la capillotraction (le nom du centurion qui ne sert qu'à glisser un « je te soutiens, Mordicus » au détour d'une réplique) ni le quasi-mauvais goût pourtant léger (le guide grec appelé Mixomatos...). Du point de vue de l'intrigue et de l'action, les Gaulois finissent par paraître très en retrait puisque, privés de potion magique par le règlement, ils
s'effacent devant la rigueur de l'entraînement des Romains et des Grecs, notamment les Spartiates qui n'ont pas attendu 300 pour prouver leur impeccable condition physique... Pas de combats homériques, la victoire ne reviendra à Astérix que par une ruse anecdotique qui fait regretter le final désopilant de Astérix gladiateur en présence de César. On rappellera d'ailleurs que ni César ni Brutus n'apparaissent dans cet album (le premier fait juste une apparition vocale à la dernière case), et que le deuxième n'a jamais eu qu'un rôle purement anecdotique dans le monde d'Astérix, réduit à la fonction de morveux boudeur tout juste bon à jouer avec un couteau et à recevoir de son père adoptif la fameuse réplique « Tu quoque filii ». On suppose donc que le film à venir n'aura qu'un très lointain rapport avec la bande dessinée du même nom, puisque le personnage principal semble en être le Brutus interprété par Benoît Poelvoorde. Uderzo, après avoir refusé le projet Astérix en Hispanie de Gérard Jugnot, fait décidément des choix bien déconcertants au sujet de son personnage depuis une dizaine d'années...

L'album, lui, ne change pas avec l'âge.