6/10Alchimie - Tome 1 - L'épreuve du feu

/ Critique - écrit par athanagor, le 19/10/2010
Notre verdict : 6/10 - Du plomb au... plomb (Fiche technique)

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Malgré un esprit et un scénario qui passent outre les évidences du sujet, cet ouvrage subit un dessin hasardeux qui plombe le résultat final.

Dans un Paris de la Restauration, Alexis Lerouge, auteur de nouvelles, employé par le journal « L'actualité », se voit confier la lourde tâche d'écrire un article assez palpitant pour pouvoir tenir tête à la concurrence. En effet, le bruit court qu'Eugène Sue va bientôt faire paraître un ouvrage où il dévoile les secrets et autres mystères qui se terrent dans la capitale. Pour ne pas disparaître, « L'actualité » doit tirer son épingle du jeu et contre-attaquer sur le terrain du mysticisme et de l'ésotérique. Quoi de mieux alors que cette piste qui se présente au rédacteur en chef, concernant les habits noirs, une société secrète, confrérie d'assassins et de gens de pouvoirs qui tirent les ficelles dans l'ombre et dont l'existence n'a jamais pu être acertainée. Et qui de mieux pour écrire cet article qu'Alexis Lerouge, féru d'ésotérisme à qui l'on peut faire miroiter l'édition prochaine de sa nouvelle, La baronne vampire, et dont le relatif anonymat lui permet d'être classé dans la catégorie des « pertes acceptables ».

Encore des templiers, encore de la magie et encore des sociétés secrètes dans un Paris du 19ème siècle, mixés certes d'une façon différente, mais
toujours selon les même principes. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est l'apparent épuisement dont commence à souffrir la collection 1800, empruntant certains de ces codes à ce qu'on aurait plutôt pensé voir dans les Secrets du Vatican. Bref, rien d'étourdissant, si ce n'est peut-être le côté assez fun de l'écriture de Nolane et les références qu'il utilise pour son histoire. Sue, Vidocq, Louis-Philippe et les habits noirs (apparemment tirés d'un roman de Féval) jouissent d'une connotation assez fraîche malgré les situations courues qui les voient évoluer. Emaillant le récit d'un langage pétri d'expressions argotiques, où s'entendent un fort accent de titi parisien, Nolane tisse un entrelacs de situation peu crédibles jusqu'au comique et semble se délecter de ses mises en situation poussives, jusqu'à faire s'étonner ses propres personnages. Offrant une enquête à mi-chemin entre Fantomette et Scoobydoo, menée par un écrivain confronté à tous les poncifs romanesques de sa profession, Nolane propose, aussi grâce à sa bonne plume, une aventure plaisante à lire.

Il ne sera pourtant pas possible d'en dire autant du dessin. Abusivement anatomique quand les protagonistes sont nus, terriblement immobile dans les moments de panique, ce trait qu'on pourrait croire être une ligne claire extrêmement détaillée, finit par se trahir dans des postures improbables et hors de proportion. Les dernières pages donnent même l'impression d'avoir été terminées un peu vite, pour passer à autre chose, et on n'y reconnaît plus les visages des personnages qu'on a pourtant suivis tout du long.

Un peu plombée par son illustration, cette BD laisse donc une impression mitigée entre un scénario qui parvient à surmonter l'écueil de ses principes de départ et un dessin qui pique un peu.