Agathe Saugrenu - Tome 1 - Je suis un monstre !

Et ça enchaîne, chez Dupuis. 2007 : lancement de deux nouvelles collections jeunesse : Punaise et Puceron, et, au fil des mois, débarquent des petits héros tout neufs. Après la bande des enfants d'ailleurs, François et Gusgus, voici Agathe, une petite fille qui, comme ses copains, s'aventure dans l'irréel et la fantaisie.

Agathe Saugrenu est la première série de la collection à aborder les thèmes de la maladie et de la différence aussi frontalement. L'héroïne qui nous est présentée se dissocie de son quotidien scolaire, de désociabilise, rendue honteuse par sa maladie. Au bout d'un long périple fantastique (ou imaginaire ?), elle parvient à le dire : « J'ai le diabète ! ». L'album possède la qualité de savoir parler aux enfants sans pathos ni démonstrations excessives. On parle d'exclusion, mais avec beaucoup d'humour. De l'humour visuel, tout d'abord, avec des planches extrêmement gaies, aux teintes riches et variées. Le ton est donné très rapidement : on saisit les allures cartoon de la série dès les premières planches : visages surexpressifs et burlesques, dynamique du découpage, des enchaînements, de la gestuelle.

Symbole de ce côté "cartoon" et burlesque, le sidekick de l'histoire, le chat d'Agathe, le seul au monde à ne jamais retomber sur ses pattes, qui se prend des gamelles par dizaines (le bon vieux gag, toujours efficace). Les péripéties sont aussi vives que nombreuses, pas le temps de s'
ennuyer. A ce dynamisme et cet humour un peu "old school", il faut ajouter la modernité des dialogues. Ici, pas de « saperlotte » ou de « sacrebleu » mais des « couillon » et autre « conneries ». Les dialogues, sans jamais être dans l'excès, sont composés dans l'honnêteté du temps présent.

Agathe Saugrenu a tout pour plaire aux enfants. Le public adulte, quant à lui, ne sera pas plus que gentiment amusé devant cette aventure dynamique mais imbibée des codes juvéniles.