8.5/10Adios muchachos

/ Critique - écrit par plienard, le 07/10/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Alicia au pays de Cuba (Fiche technique)

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Alicia, une jeune fille de condition modeste, cherche un riche gogo qui l’épousera. Elle croit trouver l’oiseau rare en la personne de Juanito. Elle déchantera rapidement. Matz adapte le roman de Daniel Chavarria avec talent et le dessin de Paolo Bacilieri fait le reste.

Alicia est une « jinetera » (« une « cavalière ») ce qui signifie qu’elle se prostitue occasionnellement dans l’espoir d’être entretenue, voire épousée. Et Alicia est plutôt jolie et irrésistible. Son stratagème est ingénieux.
Juanito.
Faisant tourner les têtes des touristes occidentaux sur son vélo avec sa mini-jupe qui vole au vent, elle laisse entrevoir de superbes fesses ... le reste n’est qu’une formalité : un accident simulé ; l’homme, un gentleman la ramène chez sa maman (complice) ; quelques allusions très claires et le tour est joué. Puis un jour, la jeune fille se fait attraper à son propre jeu. Le beau Juanito, canadien travaillant pour une grosse boîte hollandaise, tombe dans le piège d’Alicia. Mais la belle va s’enticher de l’apollon au physique d’
Alain Delon.

Adios muchachos est une histoire de Daniel Chavarria, uruguayen vivant à Cuba. Adaptée par Matz (auteur à succès chez Casterman avec Le tueur, Cyclopes ou du plomb dans la tête), on démarre ce polar un peu comme une histoire d’amour à la Pretty woman. Sauf qu’Alicia est blonde et que Juanito n’a rien du prince charmant (bien qu’il ressemble à Alain Delon). Car très vite, la petite histoire d’amour va se transformer en association de malfaiteurs et en histoire glauque voire sordide.
Alicia.
Tout le monde ment, a quelque chose à cacher. Alicia cherche le bon nigaud, Juanito cherche à escroquer les gens. Quant à Jan Van Dongen et « Rieks » Groote, directeurs de l’entreprise hollandaise, le premier est loin d’être un sain et le second a quelques lubricités dans la tête. Un beau panel de personnages bancals qui vont s’aimer, s’aider, se trahir pour une conclusion des plus surprenantes.

Le dessinateur, Paolo Bacilieri joue avec les cases comme il joue avec nos nerfs. Un trait simple, sans fioriture, mais qui sait introduire une part d’inquiétude, de sensualité, de suspense de façon claire et limpide. En deux cases, il parvient à nous exposer une situation ou un événement, le tout sans texte.

Avec son format comics et sa couverture souple, Adios muchachos nous entraine dans un Cuba où l’on rencontre peu de gens de bonne foi, mais qui font de bonnes histoires.


DR.