6/10Yuna - Tome 1 - La prophétie de Winog

/ Critique - écrit par athanagor, le 28/02/2009
Notre verdict : 6/10 - Yuna un qu'a copié ! (Fiche technique)

Tags : tome yuna prophetie eur winog lamontagne livres

Lamontagne et Ma Yi, c'est Québec et Shangaï, à Toulon chez Soleil, pour faire du celtique de Bretagne. Si ça c'est pas open-mind...

Alors que Bel, jeune fille blonde et fraîche, coule des jours heureux dans la ferme familiale, trois druides, l'un très vieux, l'autre très ventripotent et le dernier trèsPeste !
Peste !
coincé, viennent tout de go lui annoncer qu'elle est en fait la fille de Dame Riwanon et du druide Argann, et que ben en fait, son vrai nom c'est Yuna. Partant, les fermiers qu'elle a coutume d'appeler papa et maman ne sont pas ses parents, mais ceux qui acceptèrent de l'accueillir, il y a seize ans déjà, à la demande du vieux druide, Hermeland. En effet, l'enfant a ainsi été caché aux meurtriers de ses parents, qui cherchèrent également à l'occire, car elle est l'élue qui saura délivrer le pays du mal. Acceptant, avec quelques réticences tout de même, de suivre les trois encapuchonnés et leur palefrenier, Killian, elle ne le fait que pour leur prouver qu'ils se sont plantés grave, et que jamais de la vie elle ne sera l'élue de quoi que se soit. C'est également ce que croit Kaour, le gros méchant de l'histoire. Déjà méchant quand il était petit, il est en plus devenu puissant, faisant main basse sur un grimoire contenant des secrets infernaux dont il est le premier à avoir réussi la traduction. Utilisant le grimoire pour favoriser sa situation, il déchaîne sur le pays des hordes de créatures démoniaques, à la limite de l'impolitesse, qui brûlent et dévorent tout ce qui traîne. Et s'il ne croit pas que Yuna soit l'élue pouvant lui nuire, c'est qu'il sait avoir tué, à la naissance, la vraie incarnation de la prophétie. Néanmoins, l'écho de l'apparition de cette fille pourrait redonner vigueur au peuple et faire taire les dissensions entre les royaumes qui, alors réunis, rendront plus difficile sa maîtrise totale de toutes les terres connues.

C'est à nouveau une histoire de druides que nous propose la collection Soleil Celtic. On a déjà donné j'te dis !
On a déjà donné j'te dis !
Et qui voudrait lui en faire reproche avec un nom pareil ? Le challenge consiste donc, à chaque fois, à proposer au lecteur une histoire assise sur les mêmes fondations, utilisant les mêmes codes, et pourtant nouvelle. C'est peu ou proue ce que réussissent ici Lamontagne et Ma Yi, principalement grâce au rythme impulsé à l'histoire et à l'application d'un trait très typé asiatique à une histoire de buveurs de jus de hêtre.

Soleil qui commence à se faire piquer l'idée d'aller chercher des auteurs européens, surtout espagnols et italiens, passe la vitesse supérieure et met en place des partenariats sino-francophone pour voir ce que ça donne. On avait déjà eu droit à une ouverture diplomatique de ce genre dans les Nüwa, les 7 immortelles, et la maison d'édition transforme l'essai avec cette ouvrage, offrant ainsi au lecteur l'occasion de se familiariser avec le trait chinois. Celui-ci, différent du trait japonais, n'en reste pas moins un proche cousin, bien qu'il commence à développer une grammaire propre. L'intérêt est donc titillé par le mélange des genres entre la culture celtique et son folklore rabâché, et quelques pointes d'une présence chinoise, camouflée dans les feuilles, et servie par les chimères, sortes de tigres gigantesques et ailés, crachant du feu à tout va, qui ont des allures d'estampes à l'encre seule, d'où une sensation traditionnaliste, donnant à l'ensemble une impression de nouveauté.

Pour ce qui est de l'histoire, on arrive à se faire suffisamment bien embarquer par le rythme pour ne pas griller tout de suite le pompage méticuleux qui est fait du Seigneur des Anneaux. Dans le désordre : le marais où des sorcières appâtent leurs victimes par l'illusion ; le peuple des petits guerriers dont le roi ressemble à John Rhys-Davies ; la Tarasque, monstre colossale tapie au L'appel de la forêt
L'appel de la forêt
fond d'un gouffre dont les yeux font penser au Balrog et blablabla. Les amateurs comprendront et tant pis pour les autres. Ceci dit un véritable attrait naît du manque effrayant de crédibilité du méchant. Devant le sérieux et la solennité de la "communauté de Yuna", Kaor transporte une gueule de bouffon teinté à l'hydromel, avec une barbiche et une rangée de dents toujours souriante tâchant de le représenter à la semblance du Diable, sans pourtant évoquer autre chose que Ratigan dans Basil détective privé. En voilà du cross-over !

Malgré la bonne surprise de surface et l'attrait que suscite le dessin, il n'est nullement question de s'extasier ad vitam æternam, et la particularité du trait chinois ne donne, pas plus que le scénario, autre chose qu'une bonne occupation du temps passé à lire l'album. On referme la BD sans être tourmenté par le devenir des héros, ni par le dénouement de l'intrigue dans un hypothétique tome 2.