7/10Wotan n°1 - 1939-1940

/ Critique - écrit par plienard, le 30/08/2011
Notre verdict : 7/10 - Wotan en emporte le vent (Fiche technique)

Étienne Murol rentre d’Autriche pour partir sur la ligne Maginot. Louison quitte sa famille adoptive à la recherche de son identité. Quelques mois plus tard, ils ses retrouvent sur le même chemin.

Le jeune Louison est mal dans sa peau. Il cherche qui il est et malgré toutes les mains tendues son mal-être l’emporte.
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Il quitte donc sa famille adoptive avec fracas pour tomber sur des gitans auprès de qui il trouvera un peu de repos. Étienne Murol, étudiants des beaux-arts, rentre d’Autriche enthousiasmé par la culture nordique qui sert de terreau aux nouvelles idées de l’époque. Mais il rentre pour partir aussitôt sur la ligne Maginot, la guerre venant d’être déclarée à l’Allemagne. Quelques mois plus tard, c’est la débâcle française et les chemins de Louison et d’Étienne vont se croiser.

Wotan (ou Odin) est le dieu principal de la mythologie nordique. Quel rapport avec la période 1939 – 1940 ? Tout simplement, au travers du détournement de cette culture, des hommes ont justifié une idéologie et enthousiasmé tout un peuple.
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Car si les nazis ont brûlé des livres, des bibliothèques, détruit des œuvres d’art, c’est aussi au profit d’une culture unique, celle du mythe de l’homme aryen. Et c’est au travers de Louison qui voit les âmes des morts et parlent à des hommes préhistoriques et au chevalier Du Guesclin, d’Étienne Murol et de la photographe Yin Tsu qu’Éric Liberge va nous parler de l’horreur de cette guerre et plus largement de l’endoctrinement des masses.

Si le côté fantastique de l’album personnalisé par Louison et ses visions laisse une impression étrange, Éric Liberge amène le lecteur à se poser des questions, et notamment sur le pouvoir et le sens des messages culturels, politiques, religieux et médiatiques. Au fil des pages et des dessins, l’auteur montre comment la frontière est ténue entre une mythologie et une idéologie barbare.

Si le personnage de Louison et son « pouvoir » reste énigmatique, l’atmosphère générale est superbement rendue par une mise en page anarchique où les cases sont posées sur des pages dessinées entièrement et où les cases ne sont jamais de format identique. Les couleurs sombres et l’abondance de détail historique montre au lecteur un monde en plein chaos et à un rythme infernal.

Au final, c’est une petite claque que le lecteur se prend en pleine face. Et si l’auteur veut montrer qu’il existe une issue à l’horreur au travers des trois albums prévus, ce premier livre est en tout cas un beau témoignage sur cette époque et amène le lecteur à s’interroger.


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