7/10Un Voyage

/ Critique - écrit par wqw..., le 27/04/2008
Notre verdict : 7/10 - Un dernier tour (Fiche technique)

L’esprit dans du coton. Tout est un peu flou dans ce voyage. Une douceur pesante qui laisse la mort venir à nous, comme une fatalité. Intime. Fragile.

Ça n’a pas l’air d’aller très fort en ce moment aux éditions Futuropolis. Le blues ? Le spleen ? Les années qui passent ? Toujours est-il que voici sur un même trimestre un nouvel album consacré à la mort et à la maladie. Mais alors que L’accablante apathie des dimanches à rosbif suivant les derniers instants de l’humoriste Brice Fourrastier, portait un regard à mi-chemin entre rires et émotions, ancré dans le réel, Un voyage se laisse errer, à la dérive, en pleine poésie.


Un homme pour qui la leucémie refait surface après huit ans. Huit ans, une nouvelle vie. Babette à qui il n’a pas parlé de ces années noires. Et puis le temps qui reste. Trois semaines, un mois maximum. Celui-ci n’hésite pas, il faut partir. Pour seul compagnon, un chien trouvé dans la forêt après l’annonce de cette fin soudaine par le médecin. Drôle d’ange gardien. Une fuite, un abandon. « J’ai fait le plein et je suis parti au hasard. »

Pas de hasard. Une quête. Un trajet de la Belgique vers la France. Un voyage vers le néant. De stations services en hôtels, de souvenirs en rêves, une bagarre, un chien qui s’humanise, l’abandon de soi, l’abandon de l’autre et puis Sophie. « Sophie habitait un appartement sur la côte. » Sophie est cette quête. Il faut la rejoindre, en bord de mer, lui exprimer ses regrets, son amour avant que…

Le dessin d’Eric Lambé suggère plus qu’il ne montre, ces hommes qui n’ont pas vraiment de visages, des animaux qui n’en ont pas non plus… L’identification est alors d’autant plus facile. Il nous plonge au cœur de l’action comme si nous étions le narrateur. Perdu dans les mots de Philippe de Pierpont. L’esprit dans du coton. Tout y est un peu flou. Une douceur pesante qui laisse la mort venir à nous, comme une fatalité. Intime. Fragile.