8.5/10Le Voeu de Marc

/ Critique - écrit par iscarioth, le 27/06/2007
Notre verdict : 8.5/10 - Nightmare on puck street (Fiche technique)

Un album foisonnant de bonnes idées, de bons mots, qui va crescendo dans son dynamisme pour un plaisir de lecture tout aussi grandissant.

Frotte la lampe et le génie apparaît. Il te demande de faire trois vœux. Face à cette histoire mainte fois contée, qui n’a jamais pensé formuler le vœu de pouvoir profiter d’une infinité de vœux ? C’est bien là l’un des plus grands fantasmes de lecteur. Merci à Boulet, Wild et Albon de l’avoir assouvi !

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Marc est le petit nouveau de son école. Pour qui a vécu la situation, il est aisé de saisir à quel point l’instant est crucial. A cet âge comme à d’autres, la pyramide sociale est bien pesante. Selon les premières impressions que l’on donne, on se retrouve catapulté à l’un ou l’autre bout de l’échelle de popularité. Eviter la folle de service, le petit gros, impressionner les caïds… Marc s’en sort bien, jusqu’au jour où, face au génie, il fait le vœu de « tous les vœux ». Sa vie devient alors un enfer…

Au fil des vœux qui s’accumulent et se réalisent avec beaucoup d’ironie et d’esprit de contradiction, c’est le récit qui prend une tournure complètement folle. L’album s’annonce caustique dès les premiers moments : une prof qui s’ennuie dans le bled paumé où elle est contrainte d’enseigner, son proviseur un peu folklo… Et la mère de Marc, d’une violence bien moins comique. Un environnement fort en caractère qui, passé l’élément perturbateur, se voit agrémenté d’un grain de folie se transformant bien vite en un maelström d’idées délurées…

Il y a tout d’abord les lutins. C’est un fait avéré depuis Soutvoeumarc_5_250
h Park et l’épisode des gnomes voleurs de slips, les petits êtres ont, en eux, les germes d’un pouvoir comique surpuissant. Le nombre fait la force. Ici, chaque lutin incarnant un vœu, le comique de répétition, bien pensé, est au rendez vous. Laissant l’imagination s’exprimer, déborder, au point que l’on pense parfois à l’exercice surréaliste du cadavre exquis, les auteurs réalisent là une véritable prouesse, une performance d’humour décalé et caustique.

Boulet et Wild mettent en place un type d’humour qui ne peut s’extérioriser à ce point qu’au travers du médium BD : des planches qui tirent leur comique des petites touches, remarques, disséminées dans de multiples bulles. Le dessin de Lucie Albon est caractériel. Ses visages sont expressifs mais sans naïveté. Le travail effectué sur la lumière, à partir de modelés au trait gras, épais, est important.

En bref, un album foisonnant de bonnes idées, de bons mots, qui va crescendo dans son dynamisme pour un plaisir de lecture tout aussi grandissant.