Virginia - Morphée - Comment avoir la classe en étant drogué et déserteur !
Bande Dessinée / Critique - écrit par Canette Ultra, le 22/06/2013 (Tags : college avoir theatre coronavirus homme droit premier
Virginia est une trilogie qui débute et le ton qu’il emprunte est intéressant. Série écrite par Séverine Gauthier (vue ici) et mise en image par Benoit Blary (vu ici), elle nous plonge dans l’Amérique de la guerre de sécession et plus particulièrement dans la psyché tourmentée de Doyle. Une histoire d’espion ? Un Western ? Pas véritablement !
Doyle avant Doyle après ! En 1863, en Louisiane, nous découvrons Doyle. L’homme a tout d’une épave. Blessé de guerre en manque de morphine, il diversifie son évasion du monde réel par l’absorption de whisky. Il faut dire que Doyle, de prime abord, n’a pas l’air sympathique. Pitoyable drogué, il ne recule devant rien pour sombrer. Ceci dit, au fil du récit, nous découvrons l’histoire d’un homme pris et détruis par la guerre. Sniper émérite de son unité, il ne supporte pas le poids de la culpabilité lorsqu’une de ses missions inclue la mort d’une enfant. Hanté par la vision de sa jeune victime et élimé par la guerre, Doyle n’a pas trouvé d’autre issue à son calvaire que la fuite, physique en désertant l’armée et psychique en se droguant. L’histoire de Virginia tourne donc autour de son héros qui erre dans un monde sauvage. Sans Doyle, nous serions dans une histoire classique sans véritable personnage (à part peut-être le binôme de Doyle dans l’armée). On prend donc un certain plaisir à découvrir le parcours de cet homme brisé. Néanmoins, pendant les trois quarts de l’album, on se demande le but de cet homme et surtout de l’album. La balade est intéressante mais on attend autre chose. Cela arrivera à la toute fin du récit. Séverine Gauthier utilise donc le premier tome de sa trilogie pour présenter son héros et poser les bases de son univers. Certes, cela peut sembler long mais on ne peut pas dire que l’on manque d’information.
Visuellement, le travail apporté dans cet ouvrage mérite le détour. On oscille donc entre un passé crayonné et taillé à la serpe - chirurgical et coloré, cet univers nous montre un Doyle affûté et alerte - et un présent plus éthéré avec un travail des couleurs qui m’a rappelé l’enquête de Carnaval. Couleurs en accord avec la conscience à la dérive d’un Doyle qui est à la fois bourreau et supplicié. Un bonne mise en bouche qui sera, je l’espère, confirmé dans la suite des aventures