Victor Lalouz - Tome 1 - En route pour la gloire
Bande Dessinée / Critique - écrit par iscarioth, le 04/02/2006 (Tags : victor pour lalouz tome gloire route aranega
Malgré quelques originalités, le comique de Victor Lalouz n'atteint pas un très haut niveau. Des gags inégaux, beaucoup de déjà vu et à peine quelques sourires à décocher.
Le serial looser a ses limites
Fort heureusement pour nous, lecteurs, la bande dessinée est de moins en moins formée par des héros grandiloquents et infaillibles dans leurs principes de vérité, d'intelligence et d'honneur. Les séries moralisantes et politiquement correctes se font plus rares et, si l'on regarde du coté des séries adultes, on constate la bonne forme des anti-héros gravuleux, des serials loosers. Le dernier exemple marquant est sans conteste Frantico. Ce type de héros brise les interdits, explose les non-dits et les tabous. Mais ce type de héros a parfois aussi ses limites. La panacée, en BD comme ailleurs, n'existe pas. Victor Lalouz est un bel exemple d'anti-héros qui, en plus de n'être pas particulièrement drôle, ne soulève aucune gène et ne donne l'impression de toucher à aucune vérité, tant la crudité de ses propos s'évanouit de par l'absence totale de pertinence.
Bouffonnerie atypique
Victor Lalouz, certains ont pu le découvrir dans les pages du gratuit 20 Minutes, dans lequel il a été prépublié ces dernières semaines. Un petit homme d'environ un mètre cinquante, la calvitie, les oreilles décollées, des lunettes énormes, les dents qui lui sortent de la bouche, un corps rachitique... Bref, l'archétype du blaireau de compétition. Comme si la démesure de son physique ne suffisait pas, Victor Lalouz est aussi très abruti. Victor pense beaucoup aux femmes mais n'a aucune expérience sexuelle si ce n'est avec ses magazines Playboy. Il est obsédé par les seins et colle des mains aux fesses des filles qu'il croise dans les transports en commun. Du gros, du lourd... Comme vous pouvez le pressentir, l'humour de Victor Lalouz est très potache. Le jeune homme anime une émission de radio, du même calibre que celles que l'on peut trouver un peu partout sur les ondes en première et deuxième partie de soirée et répond de manière très affable aux questions, souvent d'ordre sexuel, posées par les auditeurs. Une naïveté que certains pourront trouver attendrissante mais qui la plupart du temps agace par sa faiblesse et sa redondance peu comique.
Voici venir la chute...
Rêver voler au dessus d'un champ de nichons et vérifier la taille du pénis du voisin de toilettes qui est noir sont des exemples parmi les gags les plus chargés en finesse que l'on rencontre à la lecture de cet album. Pour ce qui est de la forme, l'album est organisé en gags d'une demi page. Comme toute BD à teneur comique et basée sur l'effet de chute, En route pour la gloire ne met pas l'accent sur les décors. Les trames colorées reviennent souvent avec, comme couleurs dominantes, le pourpre et le jaune. Le dessin de Diego Aranega est très stylisé, tout en arrondis. Ses personnages s'étirent au maximum et prennent souvent des allures très filiformes.
Malgré quelques originalités, le comique de Victor Lalouz n'atteint pas un très haut niveau. Des gags inégaux, beaucoup de déjà vu et à peine quelques sourires à décocher. Plus regrettable encore, l'absence de fond véritable. Plus un auteur s'enfonce dans la « loosing attitude », plus il faut qu'il soit capable d'en faire ressortir autre chose qu'une simple vulgarité juvénile. Victor Lalouz, malgré toute sa bouffonnerie, demeure un personnage sans épaisseur.