2/10La Vérité sur le camping

/ Critique - écrit par athanagor, le 28/07/2009
Notre verdict : 2/10 - Yes, we camp (Fiche technique)

Et zou ! Encore une parution événementielle à mettre au crédit de Monsieur B., à qui on n'en demandait pourtant pas tant.

Monsieur B., fidèle à lui-même et au rythme de parution à peine croyable qu'il s'est imposé, un soir où il devait méditer sur l'importance de son existence comparée à la superbe réussite de son cousin américain Larry, nous donne, et c'est cadeau, un ouvrage dont la capacité philosophique s'attaque aujourd'hui à l'homme en vacance. Et pas n'importe lequel, mais celui en camping. Le message est clair : si vous avez un(e) pote(sse) qui part en camping cet été, achetez-lui cette BD, surtout si vous ne tenez pas particulièrement à le (la) voir à la rentrée.

Comme d'habitude, le rythme soutenu des parutions empêche l'auteur ne serait-ce queInédit
Inédit
d'essayer de faire quelque chose de drôle. Monsieur B. sortait La vérité sur les chiens le 04 mars 2009 et celui-ci 3 mois après, soit une planche tous les deux jours. On pourra objecter que cela n'a rien d'insurmontable, mais essayez de le tenir à l'année et vous verrez que vous n'y arriverez pas. Ceci dit, soyez rassuré, Monsieur B. non plus.

Comme le faisait déjà remarquer la brillante critique de La vérité sur les sports d'hiver, ce genre d'ouvrage, qui constitue plus un cadeau foireux qu'un véritable objet de lecture, ne se parcourt qu'au prix d'un ennui indicible qui confine à la douleur. Imaginez-vous en train de suivre une conférence faisant état de la suprématie du point de croix dans l'art du tricot domestique, et ce dans une salle surchauffée, sur un fauteuil trop petit, avec vos jambes coincées par le dossier de devant, alors que vous rêveriez de pouvoir les étendre. Encore une petite minute... Là, vous y êtes ! Voilà comment, encore une fois, on se sent quand, après ce qui a semblé être deux heures de lecture, vous remarquez que la page où vous êtes porte le numéro 15.

De nouveau, le découpage adopté par l'auteur rend la lecture plus difficile que drôle. Passée la petite phrase faussement empruntée à une célébrité, du genre « les tapis de sol, c'est gonflé ! » signé Sylvester Stallone, on enchaîne avec le double découpage. Tout d'abord, la partie supérieure de la case qui comporte un texte en rapport avec le sujet. Ce texte se suit sur les 5 cases restantes de la page et est, étrangement, sérieux et plutôt bien documenté. Ce petit texte instructif est accompagné par le corps de la case, qui contient le dessin et la quintessence humoristique de Monsieur B. Ces dessins illustrent parfois le texte du dessus, mais c'est assez rare. Parfois aussi, ces dessins se suivent, mais ça aussi c'est rare. Plus durablement, l'impression restante est que le dessin est là, un peu paumé au milieu des autres, parce que l'auteur trouvait ça drôle. Lui.

Subtil et original
Subtil et original
Ainsi, les deux éléments étant rarement conjoints, le jonglage entre le texte du dessus et la case est difficile. On assiste donc à la mise en place d'un rythme cahotant qui fait qu'on commence par lire la phrase... qui s'arrête comme ça... On regarde le dessin. On ne rit pas. On passe à la suite de la phrase sur la case d'après sans se souvenir de comment elle commençait, perturbé par le dessin et le non-rire. On recommence la phrase au début. On ne rit toujours pas... et en plus on s'énerve car on a l'impression d'avoir l'empan mnésique d'un poisson rouge. De la même façon il faut enchaîner les 48 pages de l'album jusqu'à souhaiter l'arrivée au pouvoir d'un dictateur vindicatif et illuminé, qui saurait mettre un terme à vos souffrances et empêcher, par les mêmes méthodes, tout votre entourage de tomber par accident sur ce livre dans votre bibliothèque.

Bref, il est encore une fois très difficile de vouloir faire autre chose avec ce genre d'ouvrage que de l'offrir le plus tôt possible à quelqu'un qui vous a fait souffrir par le passé. Mais si cela est votre but, n'hésitez surtout pas et justice sera faite.