Université X - Tome 1
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 02/08/2015 (Tags : tome livres universite comics jeux sciences vie
La vie étudiante...
Pornographie et université sont indubitablement liés dans l’imaginaire collectif. En effet, tous les ingrédients sont là pour ravir les amateurs. Les corps sont jeunes et inexpérimentés, il s’agit par définition d’un lieu propice à l’apprentissage et aux nouveautés et il y a bien sûr les fêtes et les excès. Il n’est pas surprenant dans ce cas que de nombreux auteurs érotiques choisissent ce cadre pour leurs histoires, que ce soit Von Gotha et l’université un peu particulière de Twenty ou encore Honey Lickers Sorority de Zanier.
Un prof investi
Ici, nous suivons deux étudiantes à la vie bien remplie, Alicia et Sonia. Couvrant deux stéréotypes, une blonde dévergondée et une brune coincée à lunettes, leurs personnalités s’avèrent en fait plus complexes au fur et à mesure de la lecture. Manolo Carot prend le temps de faire évoluer ses personnages, les rendant attachants et plus profonds qu’il n’y parait. D’autres condisciples complètent le tableau, apparaissant aléatoirement au gré des historiettes qui composent l’album, créant une joyeuse bande tout à fait crédible. Les relations entre protagonistes sont construites, des romances se nouent, des sentiments évoluent, des jalousies naissent, le tout sur un fond de sexualité débridée mais non dénuée de sens.
Ode à la liberté sexuelle et à un dévergondage de bon aloi, Université X n’en reste pas moins un ouvrage empreint d’humour. Typique de la bande dessinée érotique espagnole mêlant habilement un humour ravageur et un érotisme torride, bien loin au final des grivoiseries à la française, l’album ne déroge pas à
Flagrant délit
la règle et pourrait être rapproché d’ouvrages comme Ménagères en chaleur de Armas. C’est un humour subtil produit par un décalage délicat entre des situations pornographiques très crues et excitantes et finalement un retour à la réalité plus terre à terre. Comme ce professeur faisant vibrer de désir ses étudiantes jusqu’à ce qu’elles découvrent son micro pénis. Heureusement, on pourra compter sur Alicia pour lui remonter quand même le moral… On n’est pas non plus dans American Pie et un humour basé sur le malaise et les situations honteuses vécues par le personnage. Du coup on s’identifie aux petits tracas de leur existence et on est très vite embarqué.
La drogue c'est mal
Car si l’humour et le plaisir sont omniprésents, comme on pourrait s’y attendre dans ce genre de récit, un côté plus sombre est mis en avant comme la prise de drogue ou d’alcool et les dérives que cela induit. Ou encore la souffrance que l’on impose à l’autre sans faire attention. Mais cela contribue à rendre l’ensemble plus cohérent, et finalement plus prenant.
Les crayonnés en fin d’album mettent en avant les réelles qualités de dessinateur de Manolo Carot avec notamment un portrait d’Alicia qui en devient troublant. Le dessin du reste de l’album lui, est moins travaillé, mais reste tout à fait honorable avec un beau traitement des noirs et une fluidité dans le trait animant langoureusement les personnages. Les lignes harmonieuses et épaisses font ressortir les courbes des corps et intensifient l’aspect érotique de l’ensemble.
Peu connu en France, pour son œuvre érotique, Manolo Carot ou Man, propose une œuvre riche et variée. On l’avait découvert dans Alice au Pays du Chaos, sorte de fable philosophico-érotique hallucinée qui nous avait déjà séduit. Avec cet album de facture plus classique, se servant d’un dessin moins travaillé mais d’autant plus efficace, il confirme son talent. La suite des aventures de la petite troupe est prévue et attendue avec impatience.