5/10Trust - Tome 1 - Shanghai fusion

/ Critique - écrit par iscarioth, le 26/03/2007
Notre verdict : 5/10 - Flashy town (Fiche technique)

Tags : tome louve patrick etat amazon chine weber

Trust n'est finalement pas si horrible que cela. Un scénario qui déstabilise un temps, des dialogues plutôt appréciables, une histoire fluide, mais un rendu graphique difficile à supporter, et un récit globalement fort balisé.

« Ne jugez pas un livre à sa couverture ». En voilà un bien mauvais adage. C'est peut être encore plus vrai en BD que dans le reste de l'édition, la première de couverture est le symbole des intentions. Qu'essaye-t-on de nous vendre ? Ce premier tome de Trust, à en juger par sa couverture (femme d'affaire sexy dans un Shanghai moderne, suivie par quelques men in black), s'annonçait être un navet habituel. Eh bien pour une fois, on s'est trompé... de peu.


La série se centre autour du personnage de Shan, jolie française née en Chine, travaillant pour une entreprise internationale de haute technologie. Sur la suggestion de son président, elle retourne en Chine négocier le rachat de sa compagnie, et, là bas, renoue avec ses racines. Dans les premiers instants, Trust surprend parce qu'il s'éloigne des codes habituels du genre policier par une teneur scénaristique bien singulière : on a l'impression d'investir un nouveau genre ; la BD financière. Jusque la vingtième page, Trust, c'est de la négociation financière, du dialogue chargé en formulations plus ou moins ravageuses. Passé ce délai et l'arrivée de l'élément perturbateur, la série rentre sur les rails plus normés du genre policier. L'enquête commence...

Au feuilletage, Shanghai fusion est un album plutot écoeurant, pour tous les amoureux des belles couleurs et du dessin original. Mauro Savatori et Fabrizio Faina créent là une bande dessinée au dessin sans maladresses, maîtrisé, mais terriblement consensuel, dans un style réaliste des plus éculés, usé jusqu'à la moelle par des centaine de séries plus ou moins policières depuis quelques décennies. Nestor Pereyra n'arrange pas les choses en proposant des couleurs flashy, à l'infographie, du plus mauvais gout, venant renforcer considérablement une impression semi-ringarde de kitsch. Ce premier tome de Trust risque de bien mal vieillir. La chose n'est peut être pas un problème, la bande dessinée ne semble pas être de celles qui prétendent à être longuement conservées. Le récit se déroule dans nos années 2000, fait référence à Google, GMail, mais, d'un autre coté, fleure bon les années 1990, avec des tailleurs roses ou bleus fluos.


Le scénario est signé par Michel Fleuriet, spécialiste reconnu de la finance, nous dit-on et Patrick Weber, historien de l'art de formation, journaliste et romancier. Les éditions Vents d'ouest ont soutenu en force, il y a quelques mois, le principe d'une BD scénarisée par un « grand spécialiste », en publiant
Section financière, écrit par Richard Malka, professionnel du droit. On a pu dès lors se rendre compte, sans grande surprise, que la compétence professionnelle, aussi prestigieuse soit-elle, n'a trop rien à voir avec la capacité à écrire de bons scénarios. Fleuriet et Weber étonnent, dans un premier temps, en confectionnant de très bons dialogues, parfois un peu too much, mais tout de même très surprenants. Shan, l'héroïne, possède un fort caractère de femme moderne et libre, et est douée d'un grand sens de la répartie. Sans atteindre des sommets de charisme, on a droit à quelques répliques bien balancées.


Trust n'est finalement pas si horrible que cela. Un scénario qui déstabilise un temps, des dialogues plutôt appréciables, une histoire fluide, mais un rendu graphique difficile à supporter, et un récit globalement fort balisé.