6.5/10Trouille

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/08/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Trouille noire (Fiche technique)

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Un roman de Marc Behm adapté en vignettes retraçant la fuite en avant d'un personnage maudit. Le résultat tient plus de la galerie d'images que du récit, et possède bien peu de suspense pour un roman noir.

Un an après son lancement, arrivée à son sixième titre avec ce Trouille, la collection Rivages/Casterman/Noir continue d'innover dans sa forme, malgré le concept très strict sur lequel elle s'appuie : l'adaptation en bande dessinée des polars publiés par l'éditeur Rivages. Cette fois, l'auteur transposé appartient à la catégorie de ceux qui ne verront jamais le résultat, puisque l'Américain francisé Marc Behm a cassé sa pipe en 2005, cédant ainsi à la Mort comme son personnage le fait dès la première page.

Car c'est littéralement d'une course contre la Mort qu'il s'agit, la Mort avec un grand M, qui prend la forme d'une femme que Joe Egan croise dès sa plus tendre enfance, et s'évertue ensuite à fuir toute sa vie, traversant l'Amérique de long en large et gagnant sa vie comme joueur de poker. Il rencontrera beaucoup de femmes, mais redoutera perpétuellement de retomber sur celle qui le hante, et dont le nom commence par un grand M.

Ce qui intrigue le plus dans cette adaptation, c'est de ne voir figurer sur la couverture, outre le nom de Marc Behm, que ceux du dessinateur Joe G. Pinelli et du scénariste J-H. Oppel. Car si le travail du premier semble incontestable, il semble d'une part que celui du deuxième se soit borné à extraire quelques phrases du bouquin d'origine, semées de-ci de-là au fil des pages, et d'autre part que le rôle dévolu au coloriste (Sébastien G. Orsini) soit suffisamment important pour mériter de faire la une. Chaque page constitue en effet une seule grande illustration, sans délimitation de case, et paraît devoir beaucoup de sa personnalité à la mise en couleurs, appliquée directement sur le crayonné du dessinateur. Le résultat, esthétique et doux, jouant sur l'aspect vieillot des décors en y ajoutant la technique du coloriage sur papier granuleux, est d'avantage un générateur d'ambiance qu'un moyen de raconter clairement une histoire. L'ambiance en question n'est pas à proprement parler oppressante, elle évoque surtout le voyage, la découverte... Le héros semble croquer la vie à pleines dents, malgré la trouille du titre, et les pages s'égrènent sans réellement bâtir quoi que ce soit : Joe se tape une nana, discute avec le père Patrick, se tape une autre nana... Le côté onirique peut séduire, et l'aspect graphique incontestablement réussi permet de traverser l'album les yeux ouverts, mais quelques minutes après l'avoir refermé, on est déjà en peine de se souvenir de son contenu.