7/10Tir Nan Og - Tome 1 - L'exode

/ Critique - écrit par iscarioth, le 08/05/2006
Notre verdict : 7/10 - Féerique et juvénile (Fiche technique)

Tags : nan tir tome avis albums jeunesse livres

Le potentiel est là, reste à espérer que la croissance suivra.

Tir nan og traite d'un double sujet, de deux thèmes rarement associés : la féerie et l'immigration irlandaise vers les états unis au 19ème siècle. Chassés de chez eux par la misère et la famine, les irlandais apportent avec eux sur le nouveau monde un univers merveilleux, légendaire. Dans la mythologie irlandaise, Tir nan og est le nom de l'une de ces multiples îles enchantées et mystérieuses se cachant quelque part vers l'ouest. Cette île d'abondance, lieu de vie des elfes, semble être ici symbolisée par l'Amérique, toute nouvelle colonisée.


L'histoire contée dans Tir nan og est celle de quatre gamins esseulés vivant de trafics. L'un d'eux, Stephen, découvre une carte mystérieuse et fait la rencontre d'êtres plus ou moins humains : les visqueux Tecknées et lumineux "sidhe" et "pooka". L'intrigue reste pour le moment bien mystérieuse. Ce premier tome nous présente l'univers de la série sans aucune scène d'exposition franche et artificielle, ce qui est un bon point. Mais l'album est tout de même assez laborieux. Les multiples personnages et retours dans le temps lors des premières pages déstabilisent. Le côté très légendaire et fantastique de l'ensemble brouille toute distinction entre mythe et réalité. Fort heureusement, la narration, très cinématographique, avec une voix off à la première personne dans les encadrés, aide comme un fil conducteur de l'histoire. L'univers présenté est en tous les cas très dense et la question de savoir s'il sera exploité au maximum de ses potentialités reste en suspend.

Tir nan og est une première pour ses deux auteurs. Fabrice Colin est un écrivain émérite, réputé, mais réalise avec L'exode son tout premier scénario BD. Les quelques défauts de structure et l'articulation laborieuse de l'intrigue vus plus haut s'expliquent peut être par cette non expérience. Elvire de Cock, la dessinatrice, n'a qu'une vingtaine d'année. Son dessin est prometteur mais encore un peu juvénile. On sent quelques approximations sur les visages et silhouettes de quelques vignettes. Ce début de carrière s'annonce tout de même prometteur : les influences revendiquées d'Elvire de Cock montrent une grande diversité, un véritable métissage d'influences : Sfar, Eiishiro Oda, De Crécy... Son style rappelle beaucoup les mangas, avec ces visages androgynes renvoyant aux "Bishônens".


Les quelques tergiversations de style et de forme de ce premier Tir nan og semblent donc s'expliquer par la relative non expérience des deux auteurs, qui effectuent tous deux leur « baptême du feu » avec cette série. Le potentiel est là, reste à espérer que la croissance suivra.