7/10Le Temps de vivre

/ Critique - écrit par plienard, le 02/12/2011
Notre verdict : 7/10 - Un futur noir (Fiche technique)

La qualité des albums chez Futuropolis se vérifie une fois de plus avec l’album Le temps de vivre de Stéphane Piatzszek et Sera. C’est l’histoire de voyous et d’un amour dans un environnement impossible.

Les éditions Futuropolis ont édité un roman noir, très noir, très très noir. Le temps de vivre, c’est son titre. Et pour tout dire, c’est très court. Pas l’album, mais plutôt le temps de vivre des personnages. C’est l’histoire sur une nuit dans un quartier glauque où rien ne semble vivre, à part des malfrats, des putes, des désœuvrés. La violence est présente, le rapport de force entre les personnages incessant. Seva vit là. Ancien de la guerre des Balkans, il aime Mona, l’ex du caïd du quartier, Mario. Et justement, Mario a besoin des services de Seva.


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Une chose est sûre avec les éditions Futuropolis, c’est la qualité indéniable de son catalogue. Mais ce n’est pas de la qualité aguicheuse. C’est sobre, quelque fois austère, mais jamais classique. Vous ne connaissez pas les auteurs, Sera au dessin et Piatzszek au scénario ? J’avoue que moi non plus. Je découvre ces artistes. Le premier n’en est pourtant pas à son premier coup d’essai, avec une dizaine d’album, notamment chez Futuropolis (Lady Mage Kane), Albin Michel (Impasse étrange), Casterman (HKO), Delcourt, Nocturne ou PMJ. Le second est notamment l’auteur de commandant Achab ou encore de
Neverland aux éditions Quadrants, ou  Fête des morts chez Futuropolis.

Au détour des pages, on découvre le dessin Enki Bilalien de Sera dans le découpage autant que dans le trait. Les cases sont dématérialisées, les plans improbables et cinématographiques, les couleurs sombres, au point qu’on a quelquefois, bien du mal à suivre les personnages. Qui parle ? Qui frappe ? Qui tue ? Qui meurt ? Souvent les textes sont là pour nous aider. Et dans cet encombrement d’images, ils sont salvateurs. Pourtant, le lecteur ne ressent pas de malaise, happé qu’il est par le récit. Dans le déroulement des événements, on pense inévitablement aux films ou aux séries d’Olivier Marchal (bien qu’il n’y ait pas réellement de policier). Et si une montée de la violence se fait inexorablement, il y a quelques pointes d’amour. Mais est-il possible dans un tel environnement ? Réponse à la fin du livre.

Imaginez Enki Bilal qui met en image un film d’Olivier Marchal et vous aurez une idée de l’ambiance, du traitement des images et de la qualité de l’œuvre. Sera dans le rôle de Bilal et Piatzszek dans le rôle de Marchal, c’est le casting de cette bande dessinée dure, mais belle.


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