4.5/10Tanâtos - Tome 1 - L'année sanglante

/ Critique - écrit par Amiral, le 14/10/2007
Notre verdict : 4.5/10 - Cet homme est méchant ! (Fiche technique)

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Tanâtos est donc comme l'Orangina rouge à l'orange sanguine à une différence prêt : Méchant mais qui ne secoue pas les tripes 

Attention mesdames et messieurs, le nouveau méchant est arrivé ! Tremblez et sentez la sueur froide griffer votre dos ! Je vois déjà Monsieur en train de tourner de l'œil et Madame étouffer un cri de terreur. Mais qui est donc ce fils de Satan ? Celui par qui l'Apocalypse va arriver ? Ne cherchez plus, vos angoisses portent un nom terrifiant. Il résonnera de votre chasse d'eau jusqu'aux égouts où le Mal en personne se terre. Ce Fantômas aux yeux globuleux a un nom : Tanâtos !

  • "Je suis diabolique AHAHAHAHahahahhaha .... !"

Mais qui est donc Tanâtos ? A vrai dire, on ne sait pas trop.... Le passé de cet homme est bien mystérieux. Sa réputation semble pourtant avoir fait du bruit en haut des égouts du Paris de 1913, aux pieds de l'Assemblée Nationale. Un député partisan de Jean Jaurès est enlevé. Il se retrouve nez à nez avec ce cruel personnage qui cherche à usurper son identité. Un Daredevil bleu aux antipodes du vrai, ne lésinant pas à dire qu'il prépare « un plan machiavélique » 100% approuvé par son dévoué serviteur Tue-la-peur. Mais pourquoi Tanâtos est-il aussi méchant ? « Parce que ! Ah ! Ah ! Ah ! ».
Tanâtos n'est pas guidé par la vengeance, la frustration d'une expérience passée qui pourrait expliquer ses actes irrationnels. Non, Tanâtos est un méchant pur et dur, provenant d'une espèce en voie d'extinction : celle des méchants qui sont simplement... méchants ! Alors oui, le scénariste devait bien quand même prétexter cela par l'appât du gain. "Cortex" Tanâtos, le narcissique « fils de la nuit » ; le « scarabée bleu » est prêt à tout pour être l'homme le plus riche et le plus puissant, épaulé dans sa tâche par les innombrables "Minus". Le protagoniste n'hésite pas à en rajouter des tonnes pour valoriser sa froideur afin que le lecteur se dise « bouuhhh ! Vilain Tanâtos ! ». Le sommet est atteint lorsque l'homme masqué, assis dans son bombardier furtif (rappelons que nous sommes en 1913), regarde fièrement le ciel en disant « je bâtirai mon Empire sur un monceau de cadavres ». Vous l'aurez compris, Tanâtos est un personnage kitch et ringard, complètement en décalage avec les réalités psychologiques de l'espèce humaine.

  • ... Mais ensuite ?

Comment les auteurs ont-ils pu déraper de la sorte ? Tous les ingrédients étaient pourtant réunis pour que Tanâtos soit une réussite. Le contexte historique d'abord, où l'idée de base de mêler réalité et fiction pouvait s'avérer offrir un résultat surprenant. Le suspense ensuite, car même si Tanâtos est un méchant aux aspirations ridicules, il faut avouer que la construction narrative est bien rôdée. Le plan du Scarabée bleu est correctement ficelé et les rebondissements sont là. Il subsiste par contre quelques coups malheureux du Destin Touriste, venant parfois faire obstacle aux prévoyances de notre rat d'égout. Vient enfin le dessin, très précis et clair, avec une coloration non dénuée d'atmosphère, qui apportent un plus au récit. Le véritable problème qui empêche la sauce de se laisser savourer s'explique donc par le personnage de Tanâtos, pas assez creusé en profondeur pour permettre d'en dégager une personnalité paradoxale et suscitant l'intérêt.


Tanâtos
est donc comme l'Orangina rouge à l'orange sanguine à une différence prêt : Méchant mais qui ne secoue pas les tripes !