3.5/10Skins Party - Un verre, ça va ! Deux verres ...

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 28/02/2011
Notre verdict : 3.5/10 - Pas de peau ! (Fiche technique)

Tags :

Quant une bande de lycéens décident de se lâcher, ça fait mal ! très mal même ! Dommage cependant qu'au delà de la douleur et de la violence, on ne retrouve pas plus de choses.

Dans la famille Manolosanctis, je voudrais Skins Party ! Bonne pioche ? C’est ce que nous allons voir mais l’un des derniers bébés de la maison d’édition franchit lui aussi le cap de la publication. Pour rappel, les productions sont d’abord élaborées pour être diffusées en ligne sur leur site. Ensuite, si les internautes sont au rendez-vous, une publication papier peut être envisagée. De grands ouvrages ont pu ainsi voir le jour pour notre plus grand plaisir à l’instar de Carnaval. Le livre présenté ici est le premier album solo de Timothé Le Boucher. Ce dernier est connu des lecteurs de Phantasmes ou de 13m28 dans lequel il avait été sélectionné pour des œuvres collectives. Un premier album est toujours une étape importante. Le résultat est-il probant ou bien faut-il laisser encore un peu de temps pour que l’artiste atteigne la maturité ?

Des deux œuvres collectives, je me rappelle surtout de Timothé Le Boucher dans Phantasmes. J’avais eu l’occasion de le lire et de découvrir son potentiel. En effet, si le fond m’avait paru tape à l’œil et suffisant, la forme m’avait séduite. Le travail d’ombre et le jeu sur le noir et blanc était intéressant. En découvrant le thème de son premier album, je constate que l’univers de l’artiste semble assez trash et enveloppé de violence. En effet, Skins Party s’inspire de la série Skins dans laquelle des adolescents vivent à deux cents à l’heure et organisent notamment des fêtes où drogues, alcools et sexe sont de la partie. Le phénomène autour de cette série a lancé de nombreux évènements festifs sous le label « Skins ». Il y a donc une sorte de récupération et d’exagération autour de ces fêtes. L’album Skins Party n’échappe pas à la règle et tout y est présenté pour nous montrer les gamins les plus torturés et pervers de la société.


La drogue c'est mal ! Voyez !
Ainsi, à travers les portraits de certains d’entre eux, nous allons nous plonger dans ce qu’il y a de pire dans ces fameuses fêtes. Les évènements seront relatés selon le point de vue de chacun d’entre eux et les éléments décousus de chacun vont former le canevas de cette histoire. Si certaines histoires ne riment pas à grand chose sauf expliquer une case, d’autres se croisent de façon plaisante. Néanmoins, l’intérêt est tout relatif car tout semble prétexte à un enchaînement de scènes souvent caricaturales ou mal amenées. Au final, on constate surtout une toile de fond qui permet de montrer de façon presque gratuite des gens en train de droguer, de violer, de torturer ou de tuer les autres. Les personnes sont si nombreuses qu’au final, même le découpage par protagoniste ne nous permet pas de véritablement développer autre chose qu’un catalogue de violence. Pourtant, la matière était propice au développement de certaines intrigues. Ces dernières auraient finalement apporté une dimension supplémentaire à cette histoire qui se résume à : « une maison avec des jeunes déséquilibrés dans laquelle tout part en vrille ». Ainsi à l’instar de son travail précédent sur Phantasmes, l’artiste a un socle d’écriture qui a une certaine richesse mais qui est gâché par la facilité de nous montrer des évènements violents. Ces derniers auraient pu coexister avec une véritable trame avec plus de pages ou bien moins de personnages.


Une femme avec une femme (chanson connue)
L’autre interrogation sur ce récit concerne le graphisme dans lequel l’auteur semble avoir choisi la facilité. En effet, à part la couleur du t-shirt ou des cheveux, nous avons l’impression de voir une galerie de personnages similaires. Si les foules ou les paysages n’ont pas été oubliés, on déplore cependant un manque général de détails. Tout se ressemble et on se perd finalement à essayer de comprendre. C’est encore plus frustrant quand on sait la qualité graphique que peut atteindre l’auteur. C’est donc davantage un sentiment de frustration quand on connaît le potentiel de l’artiste. A vouloir chercher des raccourcis, ce dernier se perd dans une succession de thèmes qu’il ne fait qu’effleurer sans jamais chercher à véritablement les développer. Néanmoins, il faut tout de même saluer l’effort d’imbrication des histoires et les clins d’œil qui permettent de saisir le lien entre chacune d’entre elles.