8.5/10Roy et Al

/ Critique - écrit par iscarioth, le 10/12/2005
Notre verdict : 8.5/10 - Quelle vie de chien ! (Fiche technique)

Tags : ralf konig roy jeunesse tome manga prix

Roy est un gros chien tranquille, du genre patapouf. Al est un petit caniche pète-sec, aristo et gueulard dégénéré.

L'auteur

Ralf König se lance dans la BD au début des années quatre-vingt, alors qu'il vient de finir les Beaux arts et a déjà annoncé son homosexualité. Son premier grand succès est Der bewegte Mann, en français Les Nouveaux Mecs, un album de référence qui annonce l'arrivée de la culture gay en BD. « Le livre a tout de suite trouvé son public : des homos qui se sont rendu compte qu'il ne s'agissait pas de larmes mais d'humour. Il s'agissait aussi de faire connaître et comprendre l'univers pédé aux hétéros. L'humour est un bon moyen ; d'ailleurs, un tiers de mes lecteurs sont des lectrices. » explique König. La notoriété du dessinateur a dépassé l'underground homo et s'est exportée en dehors de l'Allemagne. König a été récompensé, entre autres, par le Festival d'Angoulême (2005) et à Barcelone (1992).

L'histoire

Roy est un gros chien tranquille, du genre patapouf. Al est un petit caniche pète-sec, aristo et gueulard dégénéré. Les deux chiens n'ont rien en commun, si ce n'est le fait d'avoir des maîtres homosexuels qui sont tombés amoureux l'un de l'autre. Les deux clébards vont devoir cohabiter. Leur principale occupation sera de commenter les ébats de leurs maîtres...

« Ton maître est une maîtresse ! »

Fist fucking, coït anal, masturbation, fellation, visionnage de films pornos... Al, homophobe affirmé et gueulard, va voir ses nerfs mis à rude épreuve. De son vrai nom Fiffi Von Hirschberg, Al le mini-schnauzer au pedigree de luxe et à l'arbre généalogique noble de deux siècles, va devoir cohabiter avec le flegmatique Roy, un grassouillet bâtard. Et en plus de ça, il va devoir supporter les ébats tumultueux de son maître. Comme d'habitude, le travail de König est aussi trash qu'irrésistiblement hilarant. La répartie de nos deux petits animaux est à mourir de rire. « On n'entend que de la techno de merde dans cette taule de tantouzes ! » Ce qui n'est pour les êtres humains qui peuplent l'album que des aboiements cacophoniques devient pour nous lecteurs les vociférations bien articulées d'un toutou au bord de la crise de nerfs.

Le frère caché et trash de Brétecher

Roy et Al reste dans la tradition graphique des albums de Ralf König. Un dessin proche de ceux que l'on peut observer dans la presse satyrique, les illustrations de Babouse étant peut être ce qui s'en rapproche le plus. Côté bédé, on pense bien évidemment à Claire Brétécher, une référence avouée et revendiquée par König, pour l'expressivité explosive des personnages et la stylisation à l'extrême des visages. L'album est cette fois-ci en couleur, ce qui est une première, du moins pour ses publications en France. Mais le changement se remarque à peine, tant l'arrière-plan se limite au minimum syndical : un coin de salle, une table, une plante... Ce qui compte, c'est bien les personnages et l'interaction qui les anime.

Le prix décerné à König cette année à Angoulême pour Comme des lapins a redynamisé la carrière de l'auteur en France. C'est pour notre plus grande joie que Glénat a édité cette année Et maintenant, embrassez vous et que la maison d'édition enchaînera rapidement, après Roy et Al, sur la publication de Suck My Duck, dont la sortie est programmée pour janvier prochain.