6.5/10La Route Jessica - Tome 2 - Piment rouge

/ Critique - écrit par riffhifi, le 04/12/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Pimente à l'eau (Fiche technique)

Daddy et sa fille tueuse sont toujours sur la piste de Jessica Blandy. Sensuel et coloré, mais l'originalité n'est pas au rendez-vous. La troisième et dernière partie relèvera-t-elle la barre ?

Après la sucette crânement exposée sur la couverture du premier tome, La route Jessica amorce avec son second titre un virage alimentaire : du sucre au piment, les auteurs conservent la couleur des lèvres purpurines exhibées, mais relèvent le goût en promettant une atmosphère de danger plus que de velours. Pourtant, le parcours de Soldier Sun et de sa fille Agripa ne se révèle pas plus sanglant que précédemment (il l'était déjà suffisamment), et l'enquête parallèle de Jessica Blandy pour retrouver son fils adoptif Rafaele aurait plutôt tendance à faire chuter la tension et le mystère.


Le piment rouge du titre, il faut le chercher dans un nouveau personnage, dont il est le surnom : Anita Royola. Brune piquante au caractère de titane, elle dirige la bande appelée Atapulta composée de gamins paumés enclins à la violence ; on ne risque pas de passer à côté de l'information, qui est martelée plusieurs fois au fil des pages comme si le lecteur était soupçonné de lire certains passages en diagonale. Bien que le rôle de la jeune femme soit périphérique dans l'intrigue de fond, elle constitue clairement le centre d'intérêt de cet album-ci, avec ses tourments et son charme, ses colères et sa fragilité. Sujette aux cauchemars, elle fournit un ou deux moments d'angoisse sourde ; sensuelle en diable, elle procure la matière à la traditionnelle séquence de racolage dans les planches 15 à 17, où elle surgit notamment des flots telle Ursula Andress dans James Bond contre Dr No (vous avez remarqué que n'importe quelle nana vaguement sexy sortant de l'eau sur une plage pouvait donner lieu à une citation de cette scène ? Merde, même
Daniel Craig dans Casino Royale a été accusé de faire une sortie d'eau « à la Ursula Andress » !)...

« La Catrina esta de fiesta en el Atapulta »

... tu es devenu muet ?
... tu es devenu muet ?
Le dessin de Renaud (Denauw, pas Séchan) fait honneur à la plastique de ses personnages, et bénéficie de la douceur et de la fluidité d'une mise en couleurs directe. Cependant, l'habitude prise de traiter le récit par cases verticales prive le lecteur de vues panoramiques des paysages une fois passée la première planche, et la mise en page peut paraître fade sur la longueur (deux rangées de vignettes par page, à deux exceptions près).

Malgré le côté lourdement explicatif de certains dialogues (« comment, vous êtes Machin-chose ?! Celui qui a fait ceci et cela entre novembre et décembre 1987, avant d'épouser Louise Bidule dans la mairie du 8ème arrondissement ? »), la lecture peut, comme pour le tome 1, paraître abscons à qui est étranger à la série principale Jessica Blandy. Heureusement, Dupuis en commence la publication sous forme d'intégrale dès 2010. L'occasion de démêler le vrai Dufaux.