9/10Ronces - Tome 1 - Racines électriques

/ Critique - écrit par iscarioth, le 27/10/2005
Notre verdict : 9/10 - Encore un sans faute pour Morvan (Fiche technique)

Tags : eur tome morvan ronces racines electriques humanoides

Morvan ouvre une nouvelle série avec un excellent premier tome, qui installe une ambiance pleine de mystères, qui fait se poser plein de questions aux lecteurs avec une intrigue haletante et un final explosif.

Les auteurs

Est-il encore bien nécessaire de présenter Jean David Morvan ? Bien sûr que non. On rappellera juste que le créateur de Sillage a au compteur une trentaine de séries et que ce dernier se distingue par sa capacité à investir avec succès tous les genres possibles et imaginables. Morvan est, d'une manière incontestable, avec Corbeyran, le scénariste le plus prolifique de la bande dessinée franco-belge actuelle. Pour Ronces, notre scénariste s'associe encore à un bon dessinateur. On a pu découvrir Pedro Colombo avec Trois... et l'ange, il y a quelques mois. On fait maintenant la connaissance d'Alexandre Nesme, dit Nesmo, qui signe là son premier album.

L'histoire

Dans un monde retro futuriste, un grand gaillard quitte son village pour rejoindre la ville, où son arrivée est accompagnée par une série de meurtres effroyables. Le commissaire Mornières, un être serviable et fragile, à la vie entièrement dédiée à son travail, mène l'enquête...

Metropolis

Comme on peut s'en apercevoir dès les premières pages, Racines électriques est un album à la narration très visuelle. Le personnage principal de l'album est la ville. Un univers urbain apocalyptique et dantesque, que l'on introduit violemment juste après une scène idyllique de nature ensoleillée. Les tons sont rougeâtres, orangés ou bruns. Le machinisme prend des allures monstrueuses, la pollution recouvre le ciel et les gestes de la vie quotidienne sont taylorisés. On peut voir des bureaux géométriquement compartimentés, une population à la marche mécanique et régulière, des architectures lugubres et gothiques... La lecture de ce premier tome de Ronces rappelle fortement les grandes références cinématographique en matière de futur régressiste et/ou mécanisé : Blade Runner de Ridley Scott, Metropolis de Fritz Lang, Batman de Tim Burton ou encore Equilibrium de Kurt Wimmer. Ronces est une vision pessimiste et embrumée d'un futur automatisé et contrôlé, une vision digne des plus grands maîtres.

Du Morvan tout craché

Cet univers est parfaitement mis en image. Le découpage est comme d'habitude excellent. Une figure de style revient ici fréquemment : les scènes multiples sur un décor unique divisé en plusieurs vignettes. Une figure qui revient souvent sans toutefois fatiguer par sa redondance. On retrouve dans cet album tout ce qui fait la grande qualité du travail de Morvan : des personnages énigmatiques et profonds, un univers mystérieux, une lecture haletante et bombardée d'interrogations et un final abasourdissant. Les personnages se fixent assez rapidement, en quelques répliques, sans pour autant être des caricatures. Le commissaire Edouard Mornières est époustouflant de potentiel et de profondeur. Dès les premiers moments, on le sent très peu sûr de lui, un peu looser, bien loin des clichés habituels de l'enquêteur. L'album nous présente ensuite une immersion complètement loufoque dans son univers familial. Un portrait d'une noirceur folle. On se souvient de Garance, l'héroïne de Trois... et l'ange, qui se distinguait, tant par son physique que par son caractère, de l'archétype féminin que l'on nous propose souvent en BD. Ici encore, on est soufflé de la capacité de Morvan à créer des profils très surprenants, étranges et passionnants.


Après Trois... et l'ange, Morvan ouvre cette année une nouvelle série (encore une !) avec un excellent premier tome, qui installe une ambiance pleine de mystères, qui fait se poser plein de questions aux lecteurs avec une intrigue haletante et un final explosif. On retrouve les qualités que l'on connaît de Morvan et ce pourquoi on l'apprécie.