7/10La revanche de Bakamé

/ Critique - écrit par plienard, le 01/12/2010
Notre verdict : 7/10 - La fable du lièvre et de la hyène (Fiche technique)

L'avion de l'équipe de football s'écrase et c'est la vie de Mpyisi qui est chamboulée. Il va alors vouloir se venger de Bakamé et devoir prouver à sa femme qu'il en a toujours dans le pantalon.

Quand l'équipe de foot, les Imibu se crashent à bord d'un avion à cause d'un moteur défaillant cela provoque la colère de tout un peuple : les parieurs ont perdu leurs paris, les supporters ont perdu leur équipe qui devait gagner la CAN (comprenait la Coupe d'Afrique des Nations), les politiques veulent à tout prix un responsable. Et le responsable sera la hyène Mpyisi qui a prêté sa voiture à Bakamé qui l'a lui-même revendue aux mécaniciens de l'avion qui cherchaient un moteur.


Entre fable africaine et témoignage des mœurs sociaux africains, l'album la revanche de Bakamé est tout à fait étonnant. L'histoire mélange à la fois les croyances religieuses (sorciers, prêtres chrétiens) et le quotidien des africains avec humour, dérision, sérieux, gravité et un peu de sexe. Les auteurs arrivent à retranscrire tous ces sentiments, quelquefois de façon brutale et choquante (comme Fleurette, la femme de la hyène, violée et recouverte de sperme, ou encore la police à la solde des politiques qui maltraite les parieurs ou torture les mécaniciens), quelquefois avec humour et quelquefois avec poésie.

L'album se présente sous la forme d'un roman de plus de 300 pages. Il n'y a jamais plus de quatre cases par page, quand il y a des cases. Car le dessinateur Jeroen Janssen s'est libéré de ces contraintes.
Il déborde largement. A l'image de ce continent qui ne semble avoir aucune contrainte, le dessinateur s'éclate avec un trait gras et un dessin très coloré. Les personnages humains ou animal sont parfois grossiers (tant par le langage que par le dessin). On y retrouverait presque du Vuillemin. Mais tout s'organise et nous met dans l'ambiance. On ne parvient même pas à s'étonner de voir une hyène, un lièvre ou un buffle humanisés et vivants avec femme et enfants au milieu d'autres hommes. Ce sont surtout des caricatures, voire des allégories sur leur comportement. On ne s'étonne pas de voir le lièvre passer d'un lit à l'autre par exemple.

Même si ce conte est immoral, il est tiré d'une fable africaine, et il a le mérite de nous présenter une Afrique compliquée, coincée entre ses croyances, les politiques véreux, le foot et son appétit de sexe. Le livre n'est pas à mettre entre toutes les mains, car certains passages sont un peu crus. On est loin des fables de La Fontaine. Mais comme son illustre prédécesseur, Pieter Van Oudheusden dénonce les maux africains mais aussi ses beautés.