7/10REIGN - Tome 1 - Day-One

/ Critique - écrit par athanagor, le 22/02/2009
Notre verdict : 7/10 - Mes 15 minutes de foire (Fiche technique)

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Dans une Amérique perpétuellement visée par des complots terroristes, Adam Nexe, démineur à la NSC, ne chôme pas. Mais que faire face à des terroristes aux motivations incompréhensibles ?

Adam Nexe est démineur à la National Security Cell, cellule anti-terroriste pour le gouvernement américain. Il est beau, dynamique, musclé et quand il transpire ça sent l'eucalyptus. Notons également que quand, dans l'exercice de son métier, il lui arrive d'être trop près d'une déflagration meurtrière, sa combinaison ultra-moulante, que portent tous les démineurs, est toujours déchirée aux épaules, aux pectoraux ou aux abdos, mais jamais au niveau de la poche kangourou de son slip. C'est d'ailleurs une des exigences du cahier des charges, quand le gouvernement américain fait un appel Blam le chien
Blam le chien
d'offres pour l'achat de combi ultra-moulante pour ses démineurs. Adam Nexe a beau avoir la classe internationale, il y a des jours où même le plus beau des gosses se trouve, face à des gars particulièrement barrés, comme un poule devant un couteau. Lancé sur une mission d'intervention de déminage, sur le lieu d'un attentat complètement déjanté, il va se retrouver face à un groupement terroriste, REIGN, expert du piratage informatique, au discours mystérieux et mégalomaniaque dont il n'avait pas entendu parler depuis bien longtemps, mais qu'il connaît néanmoins pour être la cause de son plus gros échec, à la suite duquel plusieurs de ses équipiers trouvèrent la mort (- Vous avez trouvé la mort ? - Oui ! - Elle était comment ? - Trop salé !). S'emparant du contrôle des systèmes de surveillance des endroits publics où ils perpètrent leurs attentats, ils s'empressent de diffuser les carnages sur internet, faisant passer des revendications inspirées des « quinze minutes d'Andy Warhol », donnant à l'ensemble, comme le dit si bien le chef d'Adam, l'impression que ces actions sont un degré supérieur de snuff movies. Qui sont ces fous ? Quelles sont leurs motivations ? C'est justement ce qu'on aimerait bien savoir.

Concoctée par Téhy et Vincent Cara, Knok Mais !! Eyh !?? le militaire
Knok Mais !! Eyh !?? le militaire
à savoir l'équipe déjà responsable de
Yiu - premières missions (Ici Vax dessine sous son vrai nom), on sent un couple d'auteurs ayant tété les mamelles du comics et des films d'action américains. Vif, nerveux, impulsif, violent, pourvu de méchants qui font penser aux punks dégénérés, les Mutants, de Batman - Dark Knight Returns, cet ouvrage se lit avec la même tension qu'un blockbuster sait entretenir, quand il est doté d'explosions impressionnantes et d'un enchaînement de scènes survoltées. Cette BD partage d'ailleurs avec ce genre le même montage saccadé, portant le regard du spectateur de gauche à droite à la vitesse du réflexe. Inspiré par les comics américains et en en revendiquant clairement la parenté, situant son action à Philadelphie (et pas une ville anonyme aux gratte-ciels étourdissants, qui pourrait être, ou pas, New-York... ou Juvisy), le dessin véhicule toute l'urgence de la situation par ses enchaînements de plans travaillés et son énergie intrinsèque, en grande partie résultat de l'effort fournit autour des couleurs, pour lesquels deux artistes ont été nécessaires, Christian Lerolle et Bror Nyman.

Bien que la construction du scénario sonne déjà comme du connu (impossible à la lWrashh le bus médical
Wrashh le bus médical
ecture de l'ouvrage de ne pas penser à Empire USA), l'histoire réussit à fabriquer une intrigue sur des sujets d'actualité. Internet (ici, l'outil de diffusion de l'information) et les caméras de surveillance, comme autant d'armes à la disposition des terroristes une fois détournés, offre un intérêt assez neuf pour ce genre d'histoire. De plus, ce qui pose vraiment question et qui donne réellement envie de savoir où cela va aller, ce sont les motivations profondes de ces terroristes, qu'on ne comprend absolument pas mais que l'on sent être captivantes, leur donnant une capacité d'abnégation, généralement suscitée par les grandes causes. On espère donc un dénouement aussi ingénieux que la complexité  des trames tissées le laisse supposer.

Ceci étant dit, il convient de se méfier. Une surprise explosive serait le fait de grands auteurs, mais ici, quand on tente de nous intéresser aux turpitudes psychologiques d'Adam Nexe, on a plutôt tendance à bailler. Ainsi semblent être posées les limites.