9/10Quelques jours ensemble

/ Critique - écrit par Luz, le 19/12/2008
Notre verdict : 9/10 - Quand Saint-Exupéry rencontre le Petit Prince (Fiche technique)

Tags : jours quelques ensemble fils alcante julien histoire

" Non, ça va pas aller ! Comment veux-tu que ça aille bien ? Je vais bientôt mourir ! Et j'ai peur, j'ai peur ! "

Nous ayant habitués à un univers tout à fait différent, loin de Jason Brice ou de Pandora Box, Alcante se fait agréablement remarquer par ce tout nouvel album.

Un jeune publicitaire, bien ancré dans son domaine, sans réel besoin de travailler de ses propres mains, homme-enfant, homme à femmes, mélange nuits blanches, sorties, sexe, et bureau.
Au plus profond de sa frivolité, il tombe nez à nez avec les conséquences de celle-ci sous les traits d'un enfant de treize ans, atteint d'une maladie dégénérative.

Foule sentimentale, on a soif d'idéal


Une tranche de vie bien définie, suffisante, parfaitement choisie et cadrée. On assiste au changement tragique du quotidien tout en coton de ce jeune adulte orgueilleux, égoïste et égocentrique.

Un changement dû à un élément perturbateur de taille : un enfant malade, oui, mais accompagné de sa mère elle aussi atteinte d'une grave maladie. De quoi faire s'écrouler n'importe quel château de cartes, de sable, de béton, ou royaume d'un riche insouciant.

Le dessin de Fanny Montgermont amène beaucoup à l'histoire, frôlant le risque d'en faire trop pour tomber dans le juste milieu, le réalisme. Un dessin tout en finesse, tout en émotion. Souvent timide, dévoilant les posters de films ou de jeux, mais habillant la nudité de mousse, et d'angles morts, donnant un côté intimiste et pudique à l'album. Contrairement à l'idée d'une lente agonie que pourrait amener une telle histoire, les nombreuses vignettes successives par planches suggèrent l'agressivité d'un rythme rapide et saccadé, parfois stoppé net dans son élan.

Un pied, un couloir, un coin de réveil, une boule de neige... Nombreux sont les inserts d'apparence inutile permettant de mettre en scène une émotion à fleur de peau ; des vues improbables mais avec une place stratégique, comme des petits silences pour reprendre son souffle, ou le perdre.

Attirée par les étoiles, les voiles, que des choses pas commerciales

Le personnage principal ne sort pas indem
ne de son aventure, nous non plus. Une histoire triste, certes, mais qui ressemble plus à un début qu'à une fin pour les personnages qui semblent enfin vivre réellement durant quelques jours. Quelques jours, ou rien. Quel est le mieux ?
Un réalisme cru, une vie à nue, plusieurs même, une fin énigmatique, des mises en parallèle, sur un fond d'Alain Souchon le scénario et les images collent à merveille, et envoûtent tristement le lecteur, pouvant même le pousser au silence, choqué, essouflé, fermant avec difficulté une bande dessinée prenante des pieds à la tête en passant par le cœur.

Pour fermer la petite parenthèse, le morceau de vie, Alcante nous laisse dans le flou, avec deux chemins possibles, mais une seule certitude : le mot fin.

Il faut voir comme on nous parle, comme on nous parle