6/10proTECTO - Tomes 0 et 1

/ Critique - écrit par iscarioth, le 23/06/2006
Notre verdict : 6/10 - Protesta (Fiche technique)

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Critique tomes 0 et 1 : Protecto est une série qui s'annonce assez dispensable parmi la pléthore de nouveautés à laquelle les bédéphiles doivent faire face en ce moment. Les deux premiers albums distillent et font se joindre passivement une multitude de petits déjà-vus.

Protecto part d'un pitch maintes fois rabâché : une humanité divisée entre les gens ordinaires et une élite promise à une grande destinée. Pas de mutants au menu, ni d'apocalypse, mais un jeu sur la mort et sur les anges gardiens. Le contrôle de toute chose ne vient plus du ciel ni de la terre mais du grand capital. Protecto est l'entreprise qui planifie la vie. Ceux qui vont mourir, ceux qui vont vivre, ceux dont la vie sera merveilleuse, ceux dont l'existence sera secondaire. Tout est écrit, noir sur blanc, et pour faire respecter les logiques de cette vie dont nous ne sommes que les pantins, des espèces d'anges gardiens veillent sur nous. On retrouve ici la dichotomie entre le bien et le mal, certains des acteurs du destin semant la mort chez les innocents et d'autres, plus protecteurs, tentant de préserver la vie.


Malgré un rythme soutenu et des personnages sympathiques, Protecto n'a pas vraiment les moyens de tenir son lecteur en haleine. On nous répète des choses déjà mille fois dites comme l'inévitable destin, le retour dans le temps ou encore les métamorphoses. Les personnages aussi sentent le déjà vu : une jeune fille boulotte dans l'ombre de sa petite soeur lolita, un nouveau Jésus, un duo d'anges gardiens de choc et une néo-Cruella tout en haut de l'échelle de Machiavel. Protecto tire sur les ficelles usées de l'épouvante traditionnelle, avec la représentation physique, terrifiante et obsédante, d'une mort menaçante. Le personnage que l'on nomme « Madame » dans les albums, représente un cauchemar incessant dans la vie des personnages, un peu comme
Ca dans le fameux roman de Stephen King.


D'un album à l'autre, Protecto se centre sur un même cocon de personnage. On nous présente une famille, qui évolue dans le temps, mais le voile fantastique et irréaliste entourant toute l'histoire est si fort que les rapports humains se mettent difficilement en place avec pertinence. L'ensemble est flou, on ne s'attache pas vraiment aux personnages, bien trop éloignés de nous de par des réactions parfois difficiles à comprendre. Dans le deuxième album, on signalera un gros point positif ; la façon dont les auteurs ont fait transparaître, tout au long du récit, le deuil de l'un des personnages chez les membres de sa famille, avec des souvenirs qui remontent à la surface à certains moments clés de l'intrigue.

Graphiquement, les albums sont plutôt fades, surtout le premier. Tout, dans la réalisation, touche au classicisme : onomatopées, mise en cadre, choix des plans, expressivité, gestuelle, etc. Les graphismes gagnent en caractère, en teneur, avec le deuxième album, sans toutefois arriver à émouvoir.


Protecto est une série qui s'annonce assez dispensable parmi la pléthore de nouveautés à laquelle les bédéphiles doivent faire face en ce moment. Les deux premiers albums distillent et font se joindre passivement une multitude de petits déjà-vus. Dommage, les couvertures, alléchantes, semblaient nous promettre mieux.