Portrait de JBX - Reflets d'Acide

/ Interview - écrit par Guillom, le 23/01/2013

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Reflets d’acide

Ce qui n’était qu’une courte billevesée au départ est devenue une glorieuse aventure à vers rimés, à l’image de ses grands frères, Naheulbeuk et Les aventuriers du Survivaure en tête. Reflets d’acide flirte avec les sommets de l’audio-sphère sur le Web. Pourtant, son créateur reste modeste et relativise ce triomphe. Votre humble serviteur, c’est-à-dire moi-même, a profité du Toulouse Game Show, les 2 et 3 Octobre derniers, pour rencontrer celui que ses fans appellent « Maître », l’immense, le magnifique, l’inénarrable JBX.

Une icône geek ?

Reflets d’acide est une aventure mp3 parodiant un jeu de rôle médiéval fantasy, Reflet d’Acier. La saga reprend les codes du JDR, avec son narrateur-maître de jeu omniscient, ses personnages atypiques, son univers et ses règles. Et comme une bonne écoute vaut mieux qu’un mauvais article :

Les bases ainsi posées, tournons nous vers l’auteur. JBX seul écrit, réalise, interprète et mixe cette « aventure rôlistico-médiévalo-fantastique ». Il fait souvent preuve d’un perfectionnisme à la limite de l’institution psychiatrique. Cela explique sans doute pourquoi il s’écoule plusieurs années entre chaque épisode (ces années ne s’écoulent pas dans l’aventure, mais bel et bien IRL). Mais le résultat est là, Reflets d’acide est populaire. 76000 téléchargements de l’épisode 14 dans les deux semaines consécutives à sa sortie font foi. Et pour qui le cherchait parmi les stands du TGS, ardu était le chemin. Au milieu d’une horde de fans excités, le petit personnage faisait face. De son crayon affûté, il pourfend les feuilles et les cœurs. Des adolescentes balbutiantes, des fans grisonnants, tous les âges étaient représentés. Fendre cette foule s’avérait peu aisé, preuve que la saga est aujourd’hui connue et reconnue. Néanmoins, les chevilles de son auteur ne gonflent pas. Il s’avoue même « sceptique quant au succès de la saga. Reflets d’acide c’est une petite sphère perdue dans le monde internet, une toute petite bille ».

Le Troll du 15


JBX et son acolyte Le Fab en séance
de dédicace au TGS 2012.
Et oui un troll. Mais non, ce n’est pas un troll. Commençons par le début, pour les profanes. Lors de la parution de l’épisode 14 sur le site, le 15 fut annoncé comme le dernier. La communauté s’ébroua, la machine se mit en branle. Le Web tout entier prit son mal en patience. Enfin, après de longues années d’attente, l’ultime péripétie de nos bras-cassés chéris fut mise en ligne. Immédiatement, des milliers d’internautes se jetèrent sur la bluette, tels des lions affamés sur la pauvre gazelle affolée. Bref, nous allions connaître le pourquoi du comment, le dénouement de plusieurs heures d’aventures narrées en vers. L’écoute fut ponctuée de « je savais que ça allait se passer comme ça ! » et de « Oh my DAH ! ».

[Le bonus d'Avril]

Certains hochèrent la tête d’un air entendu, ceux-ci avaient démêlé depuis longtemps les fils de l’intrigue. D’autres n’écoutèrent que d’une oreille, trop concentrés qu’ils étaient par des activités dites scolaires, voire même, professionnelles. Mais, en arrivant aux dernières secondes de l’épisode, nous avons tous connu cette effroyable sensation. Nos cœurs manquèrent un battement, notre activité cérébrale s’arrêta quelques instant, et d’une même voix, tous unis en un chœur céleste mais outré, nous nous écriâmes : « SALAUD ! ». En effet, la messe n’était point dite, le dernier épisode n’en était pas un… Ainsi fut créée la communauté du 16. L’infâme JBX, par une pirouette narrative, provoquait un des plus grands trolls depuis Orson Welles et sa lecture radiophonique de la Guerre des Mondes. Alors Reflets d’Acide n’est-il que la partie visible d’un complot mondial ? JBX fait-il parti des Illuminati ? « Je me suis trollé tout seul » se défend l’auteur. « En sortant de ma douche, rien d’érotique. Je me suis dit j’ai un super final là, un super cliffhanger… Mais voilà, l’épisode 15 c’est fini, ce n’était pas prévu… Je vais être obligé de faire un épisode 16. »

La suite ?


Couverture du premier tome
de la BD Reflets d’Acide.
Mais après le 16, que va-t-il se passer, me direz-vous ? « Ce sera vraiment le dernier » promet JBX. Alors l’œuvre sera achevée, son auteur pourra mourir en paix, ou du moins disparaître définitivement de la nébuleuse interneto-auditive. Que nenni, le Maître a « une suite en tête » mais avant tout, il veut « bien finir ce qu’[il a] commencé ». Il n’est pas question d’une histoire totalement différente de Reflets d’Acide. « J’ai un petit souci, ma voix n’est pas extensible à l’infini, il faut donc que je garde les mêmes personnages, enfin, ceux qui auront survécu… *Ricanement sardonique* Spoil ! ou pas… Après il y a une suite dans le monde plus large de Reflets d’Acide, parce que là on est resté dans un trou et au fond d’un volcan : c’est un petit chemin et un petit cheminement ». Ce projet ouvrira donc les portes de l’univers fantasy de la saga, qu’on sait vaste et alambiqué. Franconie, Mordavie, autant de lieux que les auditeurs connaissent sans jamais les avoir découverts. Pour notre plus grande joie, JBX prévoit « des intrigues un peu plus compliquées et politiques parce qu’au début de l’épisode 1, on parle des terres chaotiques et de l’Empire ». Le moment est venu de creuser le sujet en profondeur.

En vers et contre tous

Le fond, c’est bien ; avec la forme, c’est mieux. Que les amateurs d’art jibéixien se rassurent, les rimes seront toujours là. JBX, en masochiste du vers, tient à conserver les alexandrins. « Malheureusement » s’écrit-il. « C’est une contrainte que je m’étais imposé comme ça, pour rire. Mais maintenant il faut que je continue. J’aime bien la musicalité des mots, ça donne un certain rythme au récit et on garde une certaine cohérence ». Ce rythme donne une saveur particulière à la narration que beaucoup disent apprécier. « Je ne sais pas si ça a contribué au succès de la saga parce que, au départ, je me suis dit que personne n’allait me suivre, ils vont trouver ça complètement vieux. Tant pis, je m’amuse. Et finalement ça a plu, ça m’a complètement surpris, agréablement surpris. »