8.5/10Poison - Tome 1 - Immersion

/ Critique - écrit par iscarioth, le 20/03/2006
Notre verdict : 8.5/10 - Nikita ! (Fiche technique)

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Poison s'annonce être une série à suivre avec un grand intérêt. On admire l'expérimentation graphique, très appropriée et à recevoir comme une bouffée d'air frais au milieu des nouveautés aux graphismes aseptisés.

Monochrome... en couleur


Un album comme le tome premier de Poison, on en voit peu. Non pas que l'histoire contée soit extraordinaire, bien qu'originalement racontée comme nous l'expliquerons plus tard, c'est surtout le parti pris esthétique qui heurte dès le feuilletage. Laurent Astier, avec cette nouvelle série, qu'on croirait intégrée à la collection Cosmo par sa double pagination, fait se joindre techniques du passé et système de représentation moderne. Astier réutilise un outil très peu prisé dans la BD franco-belge moderne : la trame régulière en pointillée, appliquée par décalcomanie sur le papier (et encore très utilisée dans le manga). A cela, Astier applique une coloration qui, contrairement à d'ordinaire, n'est pas là pour simplement combler, accompagner, colorier, mais pour envelopper le tout d'un engagement esthétique, d'un fond, d'un parti pris véritable. Chaque vignette de Poison est constituée de deux couleurs, très antagonistes. Le mélange est brutal : bleu et rouge, rouge et jaune, jaune et bleu, bleu et vert... Une même union de couleurs couvre souvent plusieurs planches, divisant l'album en scènes et en actes. Inutile de dire que cette option graphique dote l'album d'une atmosphère glaciale, glauque, très appropriée au scénario polar, et qu'elle distingue la BD des habituelles nouveautés se contentant d'un graphisme réaliste, classique et rabâché.

Le début d'un polar efficace


Passons maintenant au scénario, qui, il faut bien l'avouer, étonne moins que la réalisation graphique (c'eut été l'album de l'année si cela avait été le cas). Ce premier tome est comme la plupart des premiers tomes ; il met en place. Il présente les personnages, il plante le décor et les enjeux. Astier a opté pour une narration non linéaire, par hachures, par va-et-vient temporels. L'histoire se déroule pour l'instant en 1999 et 2007. Poison est une brigade de lutte contre la prostitution qui infiltre les réseaux par le biais d'agents de police plongés dans le milieu. Claire, fraîchement sortie de l'école de police, rentre dans cette brigade et est envoyée sur le terrain. Ce premier tome nous raconte donc les prémices de son « immersion ». L'album est bien découpé et son scénario semble fouillé (la scène d'introduction, encore énigmatique, en témoigne). On nous donne ce qui semble être le tout début et la toute fin de l'histoire, reste à savoir ce qui se passe entre deux. Ce premier tome laisse présager une intrigue générale efficace et rythmée, mais il est bien évidemment trop tôt pour se prononcer définitivement.


Poison s'annonce être une série à suivre avec un grand intérêt. On admire l'expérimentation graphique, très appropriée et à recevoir comme une bouffée d'air frais au milieu des nouveautés aux graphismes aseptisés. Vivement la suite !