8.5/10Plunk ! - Tome 2 - 100% pure Plunk !

/ Critique - écrit par riffhifi, le 28/01/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Plunk is not dead (Fiche technique)

Du concentré d'humour absurde aussi échevelé qu'hilarant. Le petit bonhomme rose et vert est appelé à briller dans la galaxie des héros de l'humour.

Si les plus grandes douleurs sont muettes, les plus grandes barres de rire le sont aussi. Si la base de l'humour cinématographique porte le visage combiné de Charlie Chaplin, Buster Keaton et Harold Lloyd, on trouve les racines de cet humour dans les spectacles de clown et la pantomime en général. En bande dessinée, l'humour muet est un peu plus rare, mais il existe aussi et recèle son lot de pépites. Plunk est la dernière pondue de ces pépites, et ne semble pas prête d'avoir épuisé son énergie juvénile puisque le deuxième tome sort des presses de Dupuis moins d'un an après le premier !

Plunk, puisqu'il faut bien l'appeler ainsi, est un petit bonhomme rose avec un nez en trompette et un chapeau vert en forme d'entonnoir. Flegmatique mais jamais frileux face à la nouveauté, il évolue dans un monde de non-sens et d'absurdité parfaitement réjouissant pour le lecteur. On le retrouve souvent sur une île déserte d'un mètre de large, lieu d'expérimentations où Plunk joue les Robinson Crusoé d'opérette en jouant au golf (quelle idée) ou en cherchant de l'eau (!) avec une baguette de sourcier.

Sur 45 pages de bande dessinée, seuls trois des mots prononcés ont l'honneur de figurer dans le dictionnaire : il s'agit de « stop », « eh » et « allô ». Le reste n'est que borborygme, interjection, inscriptions imprimées sur un panneau (rares), pensées stylisées (encore plus rare) ou mutisme le plus complet. Gags en une page le plus souvent (avec un pic à trois pages), les mésaventures de Plunk usent des standards de la BD franco-belge (en l'occurrence, elle est belge-belge) avec bonne humeur : personnage simple et facilement reconnaissable, dessin rond et rigolo, environnement facilement reconnaissable (avec cette récurrence de l'île déserte). Elles s'en affranchissent aussi, avec leur façon de ne pas toujours montrer le personnage comme un individu, mais parfois comme un jouet fabriqué en série, ou comme un parasite parlant à son créateur ; on notera également le cadre rarement tracé des images, qui flottent généralement sur la page en n'étant délimitées que par leur mise en couleurs. Mais là où Plunk marque des points, c'est par son humour très britannique, à base de non-sens décomplexé poussé parfois à la limite de la compréhension (parfois même au-delà, comme avec l'histoire du repas de Noël, ce qui nuit hélas à l'impact du gag). On est régulièrement surpris par l'efficacité de ces gags, par leur ingéniosité quelquefois perverse (on se surprend à relire certaines pages pour y découvrir la subtilité qu'on y devine) ou par leur simple bêtise hilarante.

Amateur du premier Plunk, cours-y vite. Néophyte amateur d'humour absurde, cours-y aussi et achète le premier. Néophyte qui ne connaît pas l'humour anglais, laisse-moi te raconter que durant mes jeunes années (pas si lointaines), je me faisais pipi dessus à la vue d'un dessin qui montrait un ananas doté de jambes dans le cabinet d'un médecin ; celui-ci déclarait « I'm not completely sure, Mr. Smith, but I suspect that you have some kind of problem. » Plunk, c'est un peu ça. Et un peu autre chose.