6.5/10Le Piou - Tome 1 - Idiot d'oiseau

/ Critique - écrit par riffhifi, le 15/07/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Mais qui c’est, mais qui c’est ? C’est le Piou. (Fiche technique)

Sans parole, sans cerveau, avec tout juste trois plumes aux fesses et trois autres sur le crâne, le Piou se fait une place chez Dupuis. Inoffensif et distrayant.

Le trio composé de Baba (dessin), Lapuss' (scénario) et Tartuff (couleurs) a fait ses débuts l'an dernier chez Delcourt, avec la série Super Blagues dédiée à la parodie du monde super-héroïque, enrichie cette année d'un second tome. Passés chez Dupuis, les trois compères en perdent la parole, et s'attaquent à une série muette appelée Le Piou.


Le Piou est un piaf, mais n'est pas LE Piaf. La preuve, il est vert et rondouillard. Ensuite, il évolue dans un monde absurde et hostile qui lui fait subir les pires misères, mais dont il se venge régulièrement en torturant des oisillons plus petits que lui. Rien de bien méchant graphiquement, mais l'humour de la baffe dans la gueule et de la brique sur le ciboulot reste un gage de résultat. Le Piou évoque un peu Garfield, pour son côté misanthrope et goinfre, mais surtout Plunk, son voisin rose de chez Dupuis. Comme lui, il arpente les chemins de l'humour visuel et du comique de situation sans queue ni tête, bien qu'il le fasse avec un goût moins prononcé pour le nonsense britannique. L'idiot d'oiseau donne plus souvent l'impression de pêcher dans un répertoire de blagues déjà vues (voir l'épisode de la traite des vaches), bien que l'ensemble de l'album fasse preuve de pas mal d'inventivité. Baba, Tartuff et Lapuss' se plaisent également à saupoudrer leurs pages de références, restez donc aux aguets pour croiser un simili-Dubosc tout droit sorti du film Camping ou une poignée de Schtroumpfs en goguette. La tendance n'est heureusement pas poussée au stade où elle devient encombrante.


Graphiquement, les bestioles de Baba doivent beaucoup à Lewis Trondheim période Lapinot (d'ailleurs, ne serait-ce pas le Monsieur en personne que l'on croise page 33 ? mais si, mais si !), et évoluent dans le royaume du gag en une page : il s'agit généralement un gaufrier flexible sur quatre lignes, avec une disparition occasionnelle du contour de la case qui permet d'aérer, mais l'histoire consiste parfois en un seul large dessin qui prend toute la page. Vers le centre de l'album, on croise le seul gag en deux pages, qui est probablement le plus fendard de tous.

Rigolo mais pas révolutionnaire, pas toujours d'une clarté cristalline, ce premier tome du Piou a de quoi distraire le lecteur accablé par la chaleur de l'été... Mais on se surprend régulièrement à penser qu'un ou deux de ces gags disséminés dans un Spirou Hebdo resteraient plus efficace que 44 pages de ce régime.