5/10Pendant que la planète flambe, 50 gestes simples pour continuer à nier l'évidence

/ Critique - écrit par plienard, le 23/10/2010
Notre verdict : 5/10 - No futur (Fiche technique)

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Un album dérangeant et pessimiste sur l'état de la planète. Entre pamphlet écologique et histoire loufoque, il distille ses informations de façon un peu trop fournie. A ne lire que si vous avez la fibre un minimum écologique et encore plus si vous êtes altermondialiste.

Traduit de l'américain As the world burns, 50 simple things you can do to stay in denials, cet album met en scène deux jeunes femmes, une verte avec des cheveux roses et une brune avec des cheveux noirs, qui s'opposent sur l'état de la planète et ce qu'il faut en penser. Deux personnages pour distiller deux avis, l'un positif (les cheveux roses), l'autre négatif (les cheveux noirs).

Va falloir changer de crême de jour, les filles !
Va falloir changer de crème de jour, les filles !
L'album original a été publié aux Etats-Unis en 2007 aux éditions Steven Stories Press. Traduit par Pierre Géhenne (en collaboration avec Vincent Henry), ce sont les éditions La boîte à bulles qui ont le courage de l'éditer chez nous en octobre 2010. Cette petite maison d'édition se démarque justement des autres par leur courage à mettre en lumière des albums étrangers ou d'auteurs inconnus (du grand public). Les albums se présentent sous un petit format, style gros roman. C'est le cas pour l'album qui nous intéresse.

Si la présentation et la couverture sont quelque chose d'important pour une bande dessinée, pour attirer le chaland, sans nul doute que l'album part avec un léger handicap. Avec un style graphique empruntant beaucoup à la bande dessinée que l'on trouve sur Internet avec des dessins simples, minimalistes et des couleurs criardes, on est peu enclin à vouloir découvrir l'intérieur du bouquin. Et si le courage nous oblige à feuilleter rapidement l'ensemble, l'envie n'est toujours pas au rendez-vous. Et pourtant, il ne faut pas avoir d'apriori, car passé les dix premières pages (sur un album qui en compte 222), l
e sujet commence à intéresser. Et le dialogue échangé entre les deux « héroïnes » prend forme. Si celle qui a le plus de couleurs est celle qui voit le côté positif et surtout la possibilité pour nous et notre planète de s'en sortir honorablement, celle qui est habillée de noir a un côté totalement pessimiste. Ajoutez à ces deux personnages, une ribambelle d'animaux qui veulent réagir face à l'agression humaine, des industriels et des politiques corrompus et insouciants, des extraterrestres venus manger notre planète en achetant nos responsables et vous obtiendrez un rapide condensé de l'album.

Les auteurs égrènent à la suite et quelque fois dans un fatras inextricable des vérités (appuyées par des chiffres) dont le nombre  finit par vous noyer. Si vous n'avez pas l'âme un minimum écologique, la lecture risque de s'annoncer laborieuse et longue. Et si vous faites partie de ces nouvelles consciences écologiques (un peu comme moi), accrochez-vous car vous en prenez pour votre grade. toutes ressemblances avec un patron de multinationale ...
Toute ressemblance avec un patron de multinationale...
Mais ce n'est rien comparé aux industriels, aux patrons de multinationale ou au président des Etats-Unis. Car le moins que l'on puisse dire, c'est que le livre s'attaque frontalement au président américain, représenté par un être cupide, bête comme ses pieds et qui se réfère à son papa sans cesse. Je vous rappelle que le livre est sorti en 2007 aux Etats-Unis juste avant l'élection de Obama. Et vous comprendrez de qui il est la caricature. Mais il n'est pas le seul à être montré du doigt. Les multinationales le sont aussi, car ce sont elles qui, au final, conduisent le monde. Rien n'est fait si cela va à leur encontre.

Le livre a des relents d'antimondialisation assez clairs. Sur fond très pessimiste, les auteurs nous font un état des lieux où les pauvres sont les dindons de la farce de quelques riches. Mais le sujet est intéressant (et d'actualité). Les textes sont quelquefois trop présents et donnent l'impression d'être à une conférence du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) ou devant le film de Yann Arthus-Bertrand, Home. Et si les extraterrestres sont là pour donner un côté humoristique proche de Mars Attacks ce qui allège le propos, ils ne sont rien d'autre que l'extrapolation des multinationales. Cet album est un album engagé.