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8.5/10Peintre et Modèle

/ Critique - écrit par Maixent, le 05/11/2011
Notre verdict : 8.5/10 - L'origine du Monde de l'art (Fiche technique)

Tags : modele peintre peinture portrait femme artiste art

Un bel ouvrage qui méritait une réédition et permet une incursion dans le monde de l'histoire de l'art par le biais des relations souvent tumultueuses entre les artistes et les femmes qui les ont inspirés.

Suivant le processus déjà utilisé pour l’album Les Femmes de Liberatore réédité récemment par Drugstore, ce même éditeur propose ici une version augmentée de La Modèle publié en 2001 chez Albin Michel en une version enrichie intitulée cette fois Peintre et Modèle.

Manara rend ici hommage à tous les artistes qu’il admire que ce soit des
Tamara de Lempicka et Suzy Solidor
modernes, des contemporains ou des maîtres classiques. A travers ces toiles et dessins, usant de diverses techniques allant de la peinture à l’huile jusqu’au crayonné en passant par le fusain ou l’aquarelle, il nous offre une histoire de l’art à sa façon qui traverse les siècles avec toujours en toile de fond la vision de la femme comme muse inspiratrice et modèle d’Absolu.

Même si cette vision peut paraître didactique et tout ce que cela entraîne de poncifs, et d’ennui, Manara sait garder un ton badin (sans pour autant dire des conneries) et s’il cède parfois à la facilité en citant des références évidentes, il sait aussi puiser son inspiration dans des artistes moins connus, leur rendant humblement hommage.

Chaque tableau est agrémenté d’un cartel explicatif à la manière de ceux que l’on peut trouver dans les musées, replaçant l’œuvre dans son époque, souvent narrant des épisodes de la vie de l’artiste ou du modèle. Cette mise en contexte permet au lecteur de suivre une certaine chronologie et de mieux s’approprier le tableau original. D’autant que ce petit texte court met surtout l’accent sur de petites anecdotes, le recueil ne se voulant pas un traité de l’histoire de l’art mais plutôt une série de coups de cœur mis en avant par Manara. On effleurera donc la morbidité de Klimt, il nous sera confirmé que les femmes ont eu une grande place dans la vie de Picasso ou encore que Munch manqua d’être assassiné par l’une d’elles. Tous ces
Edward Munch et Tulla Larsen
parcours mettent en avant les relations tumultueuses entre artiste et modèle, que ce soit dans un amour passionné ou dans le sang, ce qui transparait forcément sur la toile. On peut y voir une véritable ode à la puissance de l’amour se matérialisant sous la force du trait, mais toujours avec un style différent selon chaque artiste, revisitée ici à travers un dessin plus uniforme mais ne perdant cependant pas de son intensité.

L’ouvrage est riche de références et pour tout amoureux du corps permet une solide base de travail, une multitude de pistes pour glaner des informations sur différents sujets, s’imprégner d’une atmosphère, découvrir un artiste oublié ou redécouvrir sous un autre angle de plus connus. Il serait fastidieux et inutile de dresser une liste de toutes les références mais du Bernin à Rembrandt en passant par Klein ou Matisse, chacun pourra retrouver un artiste apprécié. On se penche sur l’ouvrage comme ce Courbet pensif face à l’Origine du Monde qui contemple ce cadre de chair qui sera plus tard son œuvre la plus fameuse et la plus scandaleuse. On effleure avec Manara ce monde de Beauté inaccessible que seuls des artistes géniaux surent rendre visible et l’on pénètre plus avant encore dans les replis secrets et mystérieux de la féminité qui enflammèrent les imaginations pour produire des œuvres immortelles.

Au final, on a un très bel ouvrage et même si le style de Manara peut paraître répétitif il offre ici un panel plus étendu de son talent. Véritable dessinateur, il ne s’encombre pas ici de la lourdeur de ses scénarios habituels pour se concentrer sur l’essentiel, la beauté du trait, la composition des grands maîtres et surtout l’éternelle beauté sensuelle et destructrice des femmes de tous les temps.