7.5/10Pascal Brutal - Tome 3 - Plus fort que les plus forts

/ Critique - écrit par athanagor, le 24/10/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Nez pour friter (Fiche technique)

Tags : pascal plus sattouf brutal riad tome livres

Troisième opus des aventures de l'homme le plus viril de la terre, personnage d'ultime grand-frère imaginé par Riad Sattouf, dans un monde à la logique défaillante.

Riad Sattouf présente un monde où les losers sont des rois, où le BEPC est l'ultime sésame de l'éducation, où c'est pas grave d'être un abruti et où la Bretagne est le centre de la terre. Dans ce monde, Riad Sattouf est un chanteur à succès dont la popularité le propulse à la tête de l'état syrien, ce qui lui permet de mettre fin à l'intégrisme musulman et de transformer le monde arabe en un'tain
'tain
havre de décontraction, de tolérance et d'avant-gardisme. Et dans ce monde, il y a un homme encore plus important : Pascal Brutal.

Du point de vue du lecteur, Pascal Brutal est une tache inculte qui passe sa journée à fumer des joints. Evoluant dans un monde dur, il est lui-même capable d'une grande violence et il est plutôt bien armé pour cela. Alors au début, on ne comprend pas trop ce que ce personnage a pour lui et en quoi cette BD peut faire la différence. Puis deux éléments finissent par percer. Premièrement, le monde dans lequel il évolue est une succession ininterrompue de loufoqueries non-sensiques, hantée par des banlieusards à la syntaxe hasardeuse. Dans ce monde, où Pascal Brutal est le centre de tout, la répétition des absurdités finit vraiment par saper la méfiance jusqu'à un rire complice. Deuxièmement, Pascal Brutal est fondamentalement gentil et sa violence ne se pose qu'en tant qu'actes de justice, certes expéditive, mais ô combien rassurante (et jouissive) à l'encontre des blaireaux qui polluent la terre. Alors tout devient clair : l'auteur est aussi perplexe face au monde qui nous entoure qu'un jeune enfant. Il ne comprend pas pourquoi la violence, pourquoi les intégristes, pourquoi l'intolérance, et surtout pourquoi toujours sur lui que ça tombe ! Pour se protéger, ou exorciser tout ce pataquès, il dessine les aventures de son grand frère fantasmé, en modifiant le monde qui l'entoure au gré de ses espoirs, avec un amusant mélange de logique infantile et de textes littéraires. Ainsi, un vieil ami de Pascal qui cherche, encore adolescent, à réunifier la théorie quantique et la relativité généraleRespé, koi...
Respé, koi...
(comme tout le monde d'ailleurs dans cette BD, à l'exception de Pascal) prend 11 ans de prison pour recel d'antisèches au brevet des collèges.

Tout se passe donc dans un monde puéril qui se prend au sérieux, où la dramatisation est tellement extrême qu'elle confine au comique et où toute la société est à l'avenant, comme le démontre la situation du héros : Pascal Brutal est au chômage et il se défonce, mais son brevet des collèges en fait un génie ; Pascal glande dans son appart' avec un canard en plastique (ce qui l'amuse profondément) quand l'armée française vient le chercher en hélicoptère et lui demande poliment de bien vouloir mettre un terme aux agissements terroristes d'un homme dont l'homosexualité contrariée l'a poussé à l'intégrisme musulman. Bref, Pascal Brutal est un héros qui fume les connards, et dont la virilité est si irrépressible qu'il lui arrive de déborder sur les hommes, et c'est comme ça du début à la fin.

C'est n'importe quoi, ça va n'importe où et ça ne s'encombre pas de grand-chose, mais l'esprit qui règne sur la BD est excellent de décalage et de non-sens, et s'attache à mettre Pascal en slip le plus souvent possible, histoire de faire marrer les mômes. Mettant les connaissances d'un adulte dans l'imagination d'un enfant, Sattouf finit par créer des situations incroyables de n'importe quoi, avec pourtant une vraie maîtrise de son sujet. Par exemple, c'est tellement con qu'on a du mal à croire que ça ait pu sortir en BD... et pourtant.