7/10Paradis Perdu Psaume 2 - Tome 1 - L'évangile selon Jacob

/ Critique - écrit par athanagor, le 07/03/2009
Notre verdict : 7/10 - T’as regardé dans tes poches ? (Fiche technique)

Tags : ange paradis perdu jacob psaume anges tome

Suite à la conclusion du premier acte de Paradis Perdu, le couple ANGE revient avec un psaume 2, servi par des nouveaux personnages et un nouveau dessinateur.

Jacob n'est pas un jeune homme comme les autres. Quand vous lui demandez du feu pour votre cigarette, ou de vous passer le sucre il enchaîne immédiatement en vous demandant de raconter votre histoire personnelle, en quelques minutes. Il vousSarah Connor ?
Sarah Connor ?
écoute alors lui raconter les faits marquants de votre existence, sans prendre de notes mais gravant les mots dans son esprit. Voilà qui n'est pas banal. Quelque chose d'encore moins banal concernant Jacob, c'est que ce jeune homme à l'air affable est en fait un ange, un vrai avec des ailes et tout. Mais s'il en a l'air, il n'en a guère la chanson. De temps en temps, Jacob repère l'un de ses semblables dans la foule, le suit, puis dans un coin discret, l'égorge consciencieument pour recueillir son sang. Ça c'est moins cool. Quand il en a fini avec sa collecte de sang, Jacob regagne son appartement, qu'il partage avec son meilleur ami Will et leur colocataire Luba, qui ignorent bien sûr tout de sa nature et de ses agissements. Enfermé dans l'intimité de sa chambre, il renverse alors le sang recueilli sur une mystérieuse carte, de toute évidence à la recherche d'un sens caché en son sein. Puis arrive ce qui arrive toujours dans ces cas-là : une descente d'anges exterminateurs. Cette dernière est fulgurante et brutale et forcera Jacob à dévoiler son identité à son meilleur ami, qui ne sait pas trop quoi dire. En à peine une journée la vie de Will est irrémédiablement transformée par cette révélation et la cavale qui s'ensuit. Mais pourquoi ces monstres en veulent-ils à Jacob ? Est-ce pour le compte de tous les anges sacrifiés ? Ou est-ce pour entrer en possession de cette étrange carte ?

Faisant suite au premier psaume de Paradis perdu, dessiné par Varanda et Xavier, qui se concluait par la mise en place d'un nouvel ordre céleste, les scénaristes Anne et Gérard Guéro (ANGE) lancent le psaume 2 de ce qui deviendra, peut-être, une saga à b
ase de tétralogies successives, mettant à chaque fois en scène de nouveaux personnages et faisant appel à un nouvel illustrateur tous les quatre tomes. Un tel parti-pris de succession d'intrigues serait intéressant en ce qu'il finirait par créer un monde en soi, ce qui du point de vue de ANGE, qui a également officié comme créateur de Jeux de Rôle (G.E. Ranne), ne devrait rien représenter d'insurmontable.

En attendant d'en arriver là, la mise en branle de la deuxième saison s'annonce plutôt bien, utilisant pourtant des ficelles déjà aperçues de-ci de-là, mais sachant en faire quelque chose d'assez personnel. La guerre se tenant au sein même du ciel et la baston inter-anges qui en découle dans les rues de New-York rappelle très largement The Prophecy (l'âme d'un élu y étant remplacé par la carte mystérieuse dont Jacob est détenteur). D'autre part, la perception du monde différente selon que vous soyez un homme ou une créature supérieure (ou inférieure), évoque quant à elle les débordements perceptifs de John Constantine. La touche personnelle est apportée ici par le mixage des différentes influences prenant corps dans l'ange narrateur, qui nous guide dans la compréhension de l'intrigue, les changement de visions et dans une certaine philosophie des possibles. Parcours initiatique façon veillée au coin du feu, avec une conclusion qui consiste à dire que l'ouvrage s'arrête là parce qu'il est l'heure d'aller se coucher et qu'on verra la suite un autre jour, on est accompagné dans le déroulement, et même si celui-ci n'est pas très dur à suivre, ça fait plaisir.

Bien sûr, et comme souvent, la personnalisation des influences est grandement le fait du travail de Brice Cossu, que l'on avaiSinon, on peut aussi discuter
Sinon, on peut aussi discuter
t déjà vu s'époumoner dans Rémissions, et que nous espérions alors voir dans un album plus proche de son style. C'est ici chose faite, et le trait très agréable dont il sait faire preuve, baigné de références comics, monte ici d'un cran dans l'appréciation, tant le sujet, l'ambiance et la géographie de l'histoire correspondent à son identité. Capable d'un grande expression de mouvement et de sentiment, Cossu clarifie une grande partie du propos avec une illustration claire et structurée, malgré l'apparent chaos de certaines scènes, et parvient, grâce à un trait proche de la gravure, à imprimer aux anges exterminateurs une irréalité rendant ces figures imposantes de la justice divine encore plus inquiétantes.

Un très agréable ouvrage dans son ensemble, que les amateurs de comics, lassés de toujours voir de super-héros américains se mettre sur la trogne, liront avec un certain plaisir, sachant que pour une fois c'est les ANGE qui s'y collent.