4.5/10Le P'tit Chirac : Tout p'tits déjà cancres ?

/ Critique - écrit par iscarioth, le 10/06/2006
Notre verdict : 4.5/10 - Politiquement fade (Fiche technique)

Jungle est une entreprise d'édition du groupe Flammarion qui investit principalement les supermarchés. Face à Bamboo et Vents d'ouest, Jungle mise sur la bande dessinée à thème et dérivée d'événements ou émissions à succès pour séduire le grand public. Ainsi, dans le38100.s grands succès de Jungle, on retrouve des albums comme Les annonces d'Elie Semoun et de Franck Dubosc, Caméra Café mais aussi Bob l'éponge. Sur ce nouveau projet, une idée plus originale que la simple adaptation de séries à succès ou l'exploitation de thème fédérateurs : le P'tit Chirac. Une série qui, comme son nom et sa couverture l'indiquent clairement, choisit la cour d'école pour faire la satire de notre paysage politique actuel. La caricature politique plaît, comme nous le démontrent depuis près de vingt ans les Guignols. Depuis au moins plusieurs années, celui qui semble être le sujet du plus grand nombre de moqueries, c'est sans conteste le président Jacques Chirac. Le P'tit Chirac de Jim, Gaston et Alteau sort au même moment que le film de Karl Zéro, Dans la peau de Jacques Chirac. Voyons voir si l'album BD mérite autant le succès que le film.

60 avant JC

38101.Le P'tit Chirac nous présente donc une cour d'école peuplée d'une population politique bien célèbre. On les reconnaît tous dès le premier coup d'oeil. A l'aube de leurs vies, nos politiciens arboraient déjà rides, cheveux blancs et calvitie ! Dès les premières pages, la classe nous est présentée : Jospin, Sarkozy, Juppé, Villepin, Hollande, Royal, Delanoë, Le Pen, Lang et Bové (qu'est ce qu'il vient faire là, lui ?). On croit « le onze de départ » constitué, dès l'introduction. Mais l'on se rend compte assez rapidement que les personnages s'éparpillent, ce qui constitue la faiblesse de première apparence de l'album. Certains personnages disparaissent, réapparaissent parfois çà et là. Ces derniers sont trop nombreux, les auteurs ont voulu brasser large et se sont donc perdu en consistance. On croise donc aussi dans l'album d'autres politiciens comme de Villiers, Mégret, Giscard, Bayrou, Raffarin, Fabius et même Mitterrand et Bush !

La p'tite gamelle

Vous vous en doutez bien vu le pitch de départ, l'humour du P'tit Chirac est uniquement fait de clins d'oeil à l'actualité politique. Tous les gags, en une ou deux pages, reposent sur la chute humoristique et sur le comique référentiel. On passe en revue les grands thèmes chiraquiens38102. : le bruit et l'odeur, les pommes, la Corrèze, le nucléaire, l'immunité, la dissolution... L'album aurait pu être une véritable réussite si les gags avaient été au niveau des allusions proposées. L'humour est finalement très bateau, reposant sur des chutes banales en forme de jeux de mots. Certaines caricatures sont d'un simplisme de très mauvais goût. Par exemple, les auteurs ont transformé Bertrand Delanoë en schtroumpf coquet. Drôle d'idée que celle de cantonner un personnage politique à son orientation sexuelle. Evidemment, Chirac arbore une mine diabolique, il est un escroc sournois et manipulateur. Pour faire rire, les scénaristes Jim et Gaston ont aussi misé sur le comique langagier. Ils font s'exprimer des politiciens nés dans la première moitié du siècle dernier dans un parler très "djeun's". Dans la lignée du Petit Spirou, mais avec beaucoup moins d'efficacité et de talent, le P'tit Chirac mise parfois sur les allusions sexuelles légères, avec quelques blagues vaseuses qui tombent complètement à plat (la tape sur les fesses et la constitution européenne féminine).


Lancer le P'tit Chirac en 2006 est un pari risqué. L'album est totalement dans l'air du temps, si bien que le coup de vieux arrivera pour lui très rapidement. L'année prochaine auront lieu les élections présidentielles. Pour la survie de cette nouvelle série, il faut espérer aux auteurs un troisième mandat de Jacques Chirac, sans quoi leur travail sera catapulté aux oubliettes encore plus rapidement que prévu.