Sang noir - 1906, la catastrophe de Courrières

/ Sang noir - 1906, la catastrophe de Courrières (voir la critique Krinein)

Au début du XXe siècle, la France est en plein essor industriel. De nombreuses innovations technologiques sont apparues, qui ont donné un véritable coup de fouet à l’économie. Le Nord, avec le textile, l’acier et surtout le charbon, explose en terme de productivisme. Le département du Pas-de-Calais compte à lui seul, 120 puits de mine, qui produisent quelque 20 millions de tonnes de charbon. Grâce aux grèves et luttes syndicales de la fin du siècle passé, être mineur, c’est alors bénéficier de nombreux privilèges, comme un temps de travail journalier réglementé, un logement à loyer très faible, un accès gratuit aux soins médicaux et à la retraite… Mais à partir de 1905, la demande accrue de charbon bouleverse la donne. Les patrons ne s’occupent plus trop des lois et font fi de la sécurité de leurs ouvriers. Et ils embauchent des garçons et des filles dès 12 ans pour descendre dans la mine. Le fils Pruvost fait partie de ceux-là. Il a 14 ans, mesure 1m55, pèse 47 kg. Il devient galibot (apprenti mineur) sous le matricule 635. Le 10 mars, entre 6h30 et 6h40, une explosion d’une violence inouïe (dont les causes demeurent inconnues jusqu’à ce jour) propage en quelques secondes, une trombe de flammes sur plus de cent kilomètres de galeries. En fin de journée, seuls 576 mineurs ont pu s’extirper du brasier. Plus de 1000 manquent à l’appel. La recherche des survivants cessera trois jours après la catastrophe ; on retrouva pourtant 13 rescapés vingt jours plus tard. Il y aura 1099 morts au total, dont 242 enfants…