Noëls Fripons
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 01/01/2011 (Tags : fripons eur livraison noels evaluation livre humanoides
Un troisième opus plus hard mais aussi plus abouti autour d'un thème que l'on croyait épuisé.
La série Fripons continue chez les Humanoïdes Associés et en attendant l'été, le thème de ce troisième opus est logiquement Noël. Noël, les enfants qui déballent leurs cadeaux sous le sapin, la ville éclairée de mille feux, les clochettes qui tintinnabulent dans le ciel étoilé. Ça c'est pour la version classique tout public car Noël c'est aussi les mères Noël froufroutantes à mini jupes rouges cramoisies et seins pigeonnants, les contes oniriques et pervers (comme tous les contes d'ailleurs d'une certaine façon), ou encore les rencontres impromptues, la légitime étant partie devant chez la belle-mère avec les enfants tandis que Monsieur termine quelques dossiers brûlants au travail.
Inutile de revenir sur l'excellente facture de l'album. Toujours un bel objet, toujours la couverture explicite et follement érotique de Beltran. Toujours de grands auteurs de bande dessinée, érotiques ou non. Bref, toujours aussi bien.
Le père Noël est vraiment une ordureÀ la différence des premiers tomes, assez enjoués, le ton de l'album est ici plus sombre, sans doute la dépression si fréquente aux approches des fêtes pour une grande partie de la population esseulée. À moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une volonté de trancher avec la bonne humeur dégoulinante dans laquelle se vautrent tous les hypocrites de la terre avec des rêves de paix et de félicité. Donc plus de SM, de fessées, de soumission volontaire ou non, de bondage et de cravaches car tout le monde sait qu'un esthète confirmé sera plus attiré par le Père Fouettard que ce grassouillet bonhomme de Père Noël. Pour ce faire, on retrouve des maîtres du genre comme Varenne, Mezzo & Pirus dont la noirceur et la perversion ne sont plus à prouver, mais d'autres plus « gentils » habituellement se laissent aussi emporter comme Goetzinger qui donne dans la torture ou Altuna dans la légende urbaine avec ce voyou forçant un couple d'inconnus à copuler devant lui sous la menace d'une arme. D'autres sont restés dans les catégories dans lesquelles ils ont été reconnus, Gillon conserve ce ton doux-amer, légèrement désenchanté employé dans La Survivante, Gibrat réutilise un énième avatar de Pinocchia.
Impossible de ne pas revenir sur Cordes Raides de Mezzo & Pirus, à mon sens les
La Mère Noël aussi...quatre pages les plus marquantes de l'album, d'une violence inouïe, d'un graphisme noir à faire peur, qui transmet une angoisse palpable au lecteur et une excitation dont il ressort un peu honteux. Les auteurs, surtout connus pour leur série Le Roi des Mouches, bd lynchéenne dont on ne ressort pas indemne, réussissent avec quelques contrastes, des plans cinématographiques et des dialogues bien sentis à créer une atmosphère oppressante et suintant le sexe.
La série des Fripons se révèle être de meilleure qualité à chaque nouvel épisode. En attendant le dernier pour l'été...