8/10Nero - Tome 1 - La cinquième victime

/ Critique - écrit par iscarioth, le 20/09/2006
Notre verdict : 8/10 - Esprit polar (Fiche technique)

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Ce premier tome de Nero augure une très bonne série, un album indispensable pour les amateurs du genre noir, sympathique pour tous les autres.

Nero affiche dès les premières pages son essence polar.
A la première planche, un paysage froid, des couleurs glaciales.
A la deuxième, un cadavre mutilé.
A la troisième, un jeune détective privé tourmenté.
Et, à la quatrième, une affaire presque classée à défricher.


C'est en Italie que les éditions Casterman sont allées chercher Andrea Mutti et Crippa, les deux jeunes auteurs de ce polar, « dans les règles de l'art ». Comme expliqué en introduction, le personnage principal et l'intrigue sont très rapidement amenés, et l'enquête part sur les chapeaux de roue en moins de dix pages. Giuliano Nero, notre enquêteur, représente en symbole le genre noir, presque jusqu'à la caricature. Les traits tirés, la gueule carrée, la clope toujours au coin du bec ou coincée entre les doigts, l'ex policier (forcément) nous fait part de ses turpitudes intérieures, à l'aide d'une voix off très présente, que l'on ressent grave et pesante. Des interrogations qui tiraillent l'enquêteur mais qui dépassent de loin le sujet de ses investigations. Des questions de philosophie et de mystère qu'il se pose à lui-même et au lecteur (Pourquoi l'homme tue-t-il ?).


L'album se montre assez classique, dans son cheminement. Giuliano cherche un premier indice, qu'il trouve rapidement, puis remonte à la source, d'indices en indices, de témoignage en témoignage. Partout où notre homme passe, il flaire le détail qui a échappé aux policiers. Les relations de cause à effet sont parfois tirés par les cheveux mais qu'importe, l'intrigue suit son cours et s'engouffre dans un inexorable démêlement. Sans aller dans le détail ni dans le spectacle militant, l'Italie dépeinte par les auteurs n'est pas au mieux de sa forme. Les visages sont livides, transpirent une souffrance contenue. Mutti et Cripa vont même jusqu'à évoquer les problèmes de racisme. Les planches sont structurées d'une manière plutôt habituelle mais maîtrisée, avec des cadres imperméables aux bords très épais. Le plus impressionnant reste le travail époustouflant réalisé par Andrea Mutti et Angelo Bussacchini. Mutti, le dessinateur, dans un style très réaliste, arrive à conjuguer froideur, caractère et sensibilité sur les visages de ses personnages. La couleur de Bussacchini, véritable soulagement pour les irrités de l'infographie sauvage, vient sublimer l'ensemble. Les planches sont peintes dans des tons glaciaux, et avec un sens du détail (reflets, lumières) très appréciable. On pense notamment au travail de Philippe Delaby sur
Murena.


Ce premier tome de Nero augure une très bonne série, un album indispensable pour les amateurs du genre noir, sympathique pour tous les autres.