5/10Néfésis - Tome 1 - Résurrections

/ Critique - écrit par iscarioth, le 27/08/2006
Notre verdict : 5/10 - Héroïco-égyptomaniaque (Fiche technique)

Tags : filippi silvio nefesis camboni tome humanoides resurrections

Néfésis, c'est un mélange de super-héroïsme, d'égyptomanie, de rétro-futur, de thriller, d'orientalisme et d'action... Sans oublier les habituelles touches d'humour et l'héroïne dont le tour de poitrine est inversement proportionnel au charisme.

Il y a des bandes dessinées qui mêlent tant d'influences diverses qu'on prend toute une critique à les énumérer et à les distinguer. Ca nous arrange bien, nous, d'avoir quelque chose à écrire, malheureusement, les influences qui s'empilent ne sont pas toujours synonymes d'éblouissement baroque, mais parfois de brouillons approximatifs et ennuyeux.


Denis-Pierre Filippi est un jeune scénariste d'avenir, qui nous a déjà pas mal étonné avec des séries comme John Lord et les Corsaires d'Alcibiade. Avec Néfésis, on était en droit d'attendre une nouvelle surprise. Que nous promet, d'emblée, la couverture ? Des couleurs chaudes, une jeune héroïne dynamique, dans un Paris rétro-futuriste. Globalement, on ne nous ment pas. La première planche pose l'action en 1905, mais le temps n'est pas à la reconstitution historique. Dans un premier temps, Néfésis fait référence à l'égyptomanie, qui a déferlé sur Paris, début 19ème siècle, avec l'expédition de Bonaparte. Même un siècle plus tard, ce sont toujours les tombeaux pharaoniens et les mystérieuses momies qui sont au coeur de l'intrigue. Cette influence prend une forme fantastique dans Néfésis. Les esprits antiques rôdent et prennent possession du corps de certains humains, qui se retrouvent alors avec, en eux, deux personnalités. On appelle ces personnes les « inspirés ». Margot, l'héroïne, en fait partie, et accueille en elle Némés, un grand pharaon déchu. Margot, Némés, tous deux fusionnent complètement lorsqu'ils deviennent Néfésis, une espèce de justicier.

Nous y voilà, deuxième influence. La Paris du début vingtième se transforme en Gotham City. Tel Robin, Margot grimée d'un simple maquillage et d'un costume à mi chemin entre Lara Croft et une prêtresse égyptienne, traverse la ville, sortant d'un souterrain au volant de sa batmo.. euh, de sa voiture. Bien évidemment, notre batgirl rebondissante fait équipe avec la police, qui se promène en ville dans des engins assez éloignés de la mécanique du Paris de la troisième république. Le commissaire, qui a foi en elle avec autant de conviction qu'on peut en avoir face à un justicier, est secondé par une espèce de Jet Li. Troisième influence. Dans Néfésis, les personnages rebondissent sur les toits de Paris comme des Yamakasi sous stéroïdes. L'inspecteur Elias, les cheveux plaqués en arrière, la tunique du quatorzième siècle aux fesses et toujours prêt à dégainer les shurikens, incarne ce petit coté « mystère oriental », qui vient se greffer aux autres univers, super-héroïque, rétrofuturiste et égyptomaniaque. Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. On décèle aussi, dans Néfésis, une intrigue typiquement thriller, avec un maniaque à pourchasser qui assassine sauvagement une jeune femme qui s'avère être... Devinez qui ? La meilleure amie de Margot, notre héroïne ! Comment ça vous aviez deviné ?


Esthétiquement et spirituellement, l'héroïne Margot s'inscrit dans le même genre que la pléiade de super héroïnes lancées par les éditions Soleil, comme Marlysa ou Atalante. Des seins qui pointent vers le ciel, une croupe démesurément appuyée, une taille microscopique. Bref, on n'a pas fait mieux depuis Lara Croft. Bien évidemment, Filippi a pris soin d'aménager deux scènes de nue purement gratuites pour nos beaux yeux. Et quant elle est habillée, Margot se monte très fashion. Pour ce qui est de sa personnalité, le premier épisode ne nous en ayant pas présenté une, nous nous abstiendrons d'essayer d'y poser un qualificatif. Le dessin esquissé de Camboni, croisé aux couleurs flashy de Caines, le tout embaumé dans un voile rouge-orange, ne fait pas forte impression. Sans véritablement scandaliser, la performance graphique n'a trop rien pour être retenue.


Néfésis, c'est donc un mélange de super-héroïsme, d'égyptomanie, de rétro-futur, de thriller, d'orientalisme et d'action... Sans oublier les habituelles touches d'humour et l'héroïne dont le tour de poitrine est inversement proportionnel au charisme. Pour l'instant, une série qui aurait fait bonne figure dans le catalogue de Soleil, mais qui déçoit chez Dupuis.