7.5/10Natacha - Tomes 4 à 6

/ Critique - écrit par riffhifi, le 13/11/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Natacha n’attacha pas son chat Pacha qui s’échappa, ce qui fâcha Sacha (Fiche technique)

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Natacha de 1974 à 1977, dans une édition intégrale richement documentée et émaillée d'indications du créateur-dessinateur Walthéry. La charmante hôtesse ne s'envoie peut-être pas en l'air, mais elle reste planante.

Les éditions Dupuis font décidément un boulot d'enfer sur leurs éditions intégrales
des grands classiques : Natacha a rejoint cette année Spirou, Tif et Tondu, Yoko Tsuno et Johan et Pirlouit au rayon des collections économiques et luxueuses (rares) : trois albums par volume, plusieurs pages de texte hautement instructif émaillé de photos et de documents d'archive, quelques planches inédites (voire des épisodes entiers), et un prix amical de 17 euros. Quand les bonus sont annotés par les auteurs eux-mêmes, ce qui est le cas de Yoko Tsuno et de Natacha, le résultat n'en est que plus agréable. L'hôtesse de l'air apparue dans Spirou en 1970 dévoile ici ses aventures de la période 1974-1977, rafraîchissantes et pleines de jeux de mots comme il se doit...

Un trône pour Natacha

Après trois courtes histoires inédites qui font figure de curiosités anodines (A un cheveu de la catastrophe, L'étoile du berger et Natacha et la science-friction), le titre du tome 4 s'étale, inquiétant : Un trône pour Natacha. L'héroïne aurait-elle chopé la tourista à force de naviguer entre les fuseaux horaires ? Que non, elle se retrouve simplement confrontée au roi du Thénia, qui lui propose de l'épouser. Si elle accepte de rester en sa compagnie, c'est uniquement pour mener une de ces missions de contre-espionnage dont elle a le secret bien malgré elle. Le steward C'est facile à convaincre, un homme...
C'est facile à convaincre, un homme...
Walter n'étant jamais bien loin, il se fait embaucher comme cuisinier malgré ses piètres talents dans le domaine...

Vif et plein d'action, cet album est peut-être le meilleur du recueil, n'en déplaise aux inconditionnels du Treizième apôtre. L'intrigue laisse les personnages s'exprimer, offrant à Walter l'occasion de se montrer raisonnablement héroïque tout en lui gardant la maladresse qui le rend attachant ; Natacha est la quintessence d'elle-même, féminine mais pleine de caractère ; et leur environnement est composé de personnages pittoresques, selon la recette expliquée par François Walthéry lui-même dans les bonus d'ouverture : il a toujours eu l'habitude de croquer des personnes réelles pour s'assurer que les visages soient tous différents. On trouve ainsi le rédacteur en chef de Spirou Thierry Martens dans le rôle du bedonnant major Martenne, qui souffre du même tic de langage que son modèle ! La relation entre Natacha et Walter est toujours le sel qui pimente les aventures (oui, culinairement c'est limite, mais bon, hein...) en offrant une tension sexuelle rarement observée à l'époque dans les publications pour la jeunesse. Rien de visible pour un bambin, mais le lecteur éveillé se doute bien de ce qui couve sous le vouvoiement et les politesses, de la même manière que les duos de Chapeau melon et bottes de cuir n'ont jamais trompé personne.

Double vol

Double vol porte bien son nom puisque l'album comporte deux histoires : Double vol Depuis, on a inventé l'e-mail et le SMS
Depuis, on a inventé l'e-mail et le SMS
(donc) et Un tour de passe-passe. La première est scénarisée par Mitteï (Jean Mariette) et la deuxième par Jacques Stoquart sous le pseudonyme de Lemasque. Faut suivre ! Les deux se déroulent en grande partie à bord de l'avion, avec la prestation toujours cocasse du pilote, le commandant Turbot, qui « a déjà vu ça »... Les deux sont des récits policiers nerveux et bien ficelés, et le premier laisse voir une version amusante de la propension de Walthéry à dessiner ses camarades : les deux sbires qui agressent Natacha sont tous les deux Franquin, à deux âges de sa vie ! Le plus vieux est d'ailleurs prénommé André... Cependant, la brièveté de ces deux histoires rend chacune assez anecdotique par rapport aux tomes 4 et 6.

Le treizième apôtre

Considéré par certains fans comme un des meilleurs albums de Natacha, Le treizième apôtre emmène la donzelle et son steward domestique en Turquie, après
une engueulade digne d'une scène de ménage et un intermède d'un érotisme incontestable sous la douche de Walter. Une fois sur place, l'héroïne saisit tous les prétextes pour se mettre en maillot de bain (d'où les fans), et accompagne nonchalamment un archéologue dans sa quête de la tombe de Saint-Mathias. Il y a, rétrospectivement, un bon air d'Indiana Jones dans cette aventure (le premier film ne sortira qu'en 1981), notamment dans la scène du marché et dans la confrontation finale. Mais chez Spielberg, les Turcs ne s'amusent pas à parler wallon, contrairement à ceux de Tillieux et Walthéry. L'album contient une dose d'humour qui fait tout son charme, jusqu'au jeu de mots de la dernière page qui ne peut que ravir les lecteurs de Krinein. A moins que vous n'ayez jamais remarqué nos efforts pour tricoter les pires jeux de mots sans bic et les plus incroyables calembours à tifs.


Après Panique à bord ! et cet Envol vers l'aventure, trois recueils de Natacha restent à paraître : Voyages à travers le temps (l'espace ne suffit plus), Passeport pour l'enfer (avec une photo réglementaire) et Embarquements-surprises (les débarquements-surprises, c'est juste pour Hitler). Pas d'inquiétude, il reste à l'hôtesse en mini-jupe quelques heures de vol à effectuer...