6/10Nakara - Tome 1 - Sorcière

/ Critique - écrit par athanagor, le 27/05/2011
Notre verdict : 6/10 - Les hommes qu'on fait Sir (Fiche technique)

Tags : tome glenat eric nakara lucien rollin pierre

Avec une histoire convenue de chasse aux sorcières dans un Moyen-Age glauque, les auteurs bifurquent vers une autre trame, toute aussi convenue, dont un seul aspect sauve la lecture.

Rutger et Aurès rentrent à l’abbaye après une bonne journée de travail, à châtier du déviant. Les déviants sont apparemment des êtres que la trop grande proximité avec la sorcellerie a rendu fous ou difformes. La bonne méthode pour les châtier consiste principalement à leur enfoncer une épée dans
Schéma n°1
la tête, d’à peu près ici à là (voir schéma n°1), pour éviter qu’ils n’aillent raconter leurs âneries aux autres villages. Ce travail c’est l’Ordre résidant dans l’abbaye qui le commandite, ordre auquel Rutger et Aurès appartiennent en qualité de confesseurs. Mais châtier du déviant ne suffit pas. C’est à la source qu’il faut éradiquer le mal, et cette source, c’est Nakara, la sorcière aux cheveux de feu. Bon, pas vraiment de feu… elle est juste rousse. N’empêche, c’est cette garce qui va déclencher l’apocalypse, nous en rapprochant un peu plus à chacune de ses réincarnations. Il s’agit donc de bien lui couper la tête à chaque fois, histoire d’être sûr. Et ce coup-ci, c’est Aurès qui s’y colle.

Avec un dessin lourd, se débattant dans des couleurs terreuses, Boisserie et Rollin nous enfoncent dans un hiver moyenâgeux qui sent bon la purge inquisitrice, à grand renfort d’enquêtes expéditives. Cependant le trait n’est pas très agréable et recèle des approximations sur quelques perspectives. Il parvient néanmoins à véhiculer une ambiance en accord avec son sujet, notamment par l’utilisation de faciès rugueux, voire même de gueules de cauchemar, pour peupler le récit.

Pour
DR.
ce qui est de l’exposition du scénario, il convient de s’accrocher un peu pour ne pas se laisser trop distancer. Non pas qu’il soit complexe, mais l’ensemble des situations et leurs enchaînements sont amenés et développés par le seul biais des dialogues, qui ne sont pas toujours au point. On finit pourtant par comprendre ce qui se passe, et c’est justement là que réside l’intérêt de cet album : les auteurs ne semblent pas faire mystère de leur intrigue, qu’on peut décrire comme une version revue et adaptée du
Village de Shyamalan. Mais dans cette réalité anticipée, dont on comprend bien l’origine, subsistent des éléments de sorcellerie. Bien que discrète, la présence de ces éléments étonne dans cette histoire relativement logique, et c’est bien cet étonnement qui titille la curiosité. Bien sûr, il pourrait ne s’agir que de faits dus au hasard et/ou à l’ignorance, mais il pourrait tout aussi bien s’agir de forces occultes véritables. Devant cette hésitation quant à l’interprétation, on sera tenté de pouvoir jeter un œil au suivant.