5/10Mortemer

/ Critique - écrit par athanagor, le 08/07/2008
Notre verdict : 5/10 - Eukram issrèm (Fiche technique)

Tags : abbaye mortemer voix france normandie saint commune

Dans la collection Hanté de Christophe Bec, y a les albums collectifs, sorte de gang-bang littéraire où plusieurs auteurs s'acharnent sur le même thème, et des trucs plus intimistes (et un rien plus agréable), comme ce one-shot.

Le matin du 25 décembre 2049, les parents de Guillaume Deaubonne sont retrouvés noyés dans l'étang, la « Mortemer », de l'abbaye du même nom. Un peu chagrin, Guillaume se reprend bien vite. Il hérite en effet de cette abbaye qui l'a vu grandir et pour laquelle il a de chouettes projets. Commercial jusqu'au bout des chaussettes, et profitant de la réputation de « lieu le plus hanté de France » et de la légende du trésor caché nimbant sa nouvelle acquisition, il décide de promouvoir au maximum l'aspect touristique, quitte à transformer l'endroit en un parc d'attraction géant. Il envisage tout cela avec d'autant plus d'assurance qu'il sait de source sûre que le lieu est bel et bien hanté. Et sa source c'est lui-même, vu qu'il a grandi sous les tracasseries constantes des cinq fantômes, dont la fameuse Dame Blanche (encore une), qui peuplent le périmètre.

Alors qu'un jour il vaque à ses occupations d'amuseur public, il repère, dans la foule des badauds, Céline à qui il va proposer de jouer le rôle de la Dame Blanche dans la mise en scène élaborée pour les touristes. Bien évidemment ce ne sont pas ses talents d'actrices qui le motive, et Guillaume parvenu à ses fins, cette amourette va se prolonger et s'orienter vers ce qui ressemble à un mariage. Or is it ?

Dans la collection Hanté, créée par Christophe Bec, nous trouvons ici le deuxièmeEt moi, j'ai pas la classe ?...
Et moi, j'ai pas la classe ?...
genre de publication, le one-shot, en plus des publications du style collectif, dont Hanté - Tome 1, est, comme son nom l'indique judicieusement, le premier exemplaire. D'entrée de jeu, on est un peu plus à l'aise avec ce genre d'ouvrage, qui ne s'acharne pas à acoquiner des styles d'illustration si différents qu'on en vient presque à vomir son quatre-heures. De plus, le fait d'avoir un peu plus que 10 pages pour développer son histoire aide grandement à l'appréciation générale du boulot ainsi livré. Remercions donc Christophe Bec d'avoir envisagé de développer sa collection sur deux axes. Cependant, malgré l'optimisme ainsi ressenti, on reste sur des histoires de maisons hantées qui ne sont pas toujours très bien bouturées.

Malgré une bonne idée de départ, sur laquelle toute l'histoire est construite, aboutissant à une fin qui sait remettre en question tout le déroulement de l'action, on termine en reposant mollement la BD sur la table du salon, et on finit son café en se demandant s'il faut oui ou non passer l'aspirateur. Avec tous leurs efforts, Valérie Mangin et Mario Alberti n'intéressent pas. On ne rentre pas dedans et on en sort donc très facilement. Pourtant les dessins d'Alberti sont vivaces et expressifs, et l'intrigue de Mangin propose quelque chose. Mais non, rien à faire.

Deux raisons possibles à cela : la première serait que, sans s'en rendre vraiment compte, on s'attend à cette fin qui s'approche le plus doucement possible, mais qui, pour utiliser une métaphore à la con, reste un chat roux qui chasse dans l'herbe. La deuxième serait que, même si on ne voit pas cette idée exploitée si souvent, on l'a déjà vu quelque part, notamment comme étant une des ficelles du cycle Hypérion de Dan Simmons (et là, pour ceux qui connaissent, tout est dit).

! drèM
! Drèm
Le seul point qui titille un peu les réactions du lecteur qui tient vraiment à faire caguer son monde sur des trucs qui n'intéressent que lui, serait une pointe d'agacement face à cette consternante propension à vouloir, pour faire parler des personnages à l'envers (comme une cassette lue à l'envers s'entend), inverser le sens des lettres et non celui des syllabes (ou pour être plus précis, des phonèmes). « Bonjour » à l'envers se prononce « roujonbe » et non « ruojnob », qui à l'endroit donnerait alors « bonejohure ». Et ça Les Nuls l'avaient bien compris.

Notons tout de même l'effort de la production qui a envoyé ses auteurs sur les lieux, en Normandie, pour mieux s'imprégner de l'ambiance locale. Il en ressort un petit fascicule de huit pages présenté à la fin du volume, qui fait le tour du propriétaire, ou devrions-nous dire... du défunt propriétaire. WAAaH AH AH AH AH !!! (rire démoniaque... mais pas trop dans les graves quand même)