La Mort de Staline - Une histoire vraie... soviétique
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 13/01/2011 (Tags : staline mort robin nury fabien histoire sovietique
Quand Fabien Nury et Thierry Robin s’associent pour raconter la mort de Staline, on peut s’attendre à un bon moment de lecture. Et c’est réussi.
Un concert à la maison de la radio du peuple se déroule. C’est le concert pour piano n°23 de Mozart. Soudain, le directeur, Youri Andreïev, reçoit un coup de téléphone de Staline. Il désire un enregistrement du concert qu’il a apprécié. Le problème est qu’il n’a pas été enregistré. Et comme ses désirs sont des ordres, il ne reste qu’un seul moyen pour ne pas finir au goulag : rejouer le concert. Tout le monde est d’accord, car tout le monde a peur de décevoir le petit père du peuple. Sauf la soliste, Maria Ioudina, dont toute la famille est au goulag. Et si elle finit par accepter, elle arrive à glisser un billet sulfureux dans la pochette du disque. Nous sommes le 23 février 1953 et Staline va mourir.
Nous sommes ravis, chez Krinein, de critiquer cette bande dessinée. Et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, parce qu’il fait l’objet d’une sélection officielle du festival d’Angoulême. Et il est important pour notre site de critiquer toutes sortes de bandes dessinées (c’est le premier objectif) mais aussi de montrer notre sérieux (et pourquoi pas notre importance) en chroniquant les bandes dessinées qui comptent (sélection officielle d’Angoulême 2011). Deuxièmement, car c’est mon premier Fabien Nury ! En effet, j’ai honte, mais c’est la première fois que je lis un album de cet auteur. Et comme c’est un auteur qui commence à compter, il fallait que j’y goûte.
Ça y est, c’est fait, je suis dépu..lé ! Si la première fois est toujours une fois qui compte, assurément celle-là comptera. De par la qualité du scénario qui allie bassesses, petites peurs et grandes frayeurs (pour les personnages) dans une réalité historique, le tout sur un ton sérieux agrémenté de quelques notes d’humour noir. Troisièmement, et parce que c’est le plus important, c’est une bonne bande dessinée. Pour les raisons que j’ai citées précédemment (qualité du scénario) mais aussi pour le dessin de Thierry Robin, que l’on connaît pour avoir notamment dessiné Zappa et Tika. On y reconnaît son style fait de courbes et d’ondulations. Les têtes semblent posées sur des corps en guimauve. Et si on pouvait s’attendre à un style réaliste pour traiter de la mort de Staline, l’association de ce style graphique et de ce scénario apparaît finalement comme une évidence. L’aspect mou des corps accrédite et renforce le sentiment de bassesses, de petits coups en douce, et de peurs qui courent le long de l’album. Seule, peut-être, Maria Ioudina à la tête haute et droite, la seule qui ne semble pas avoir peur et ose dire ses quatre vérités au dictateur.
Malgré toutes ces éloges, il y a quand même un point étrange. En haut de la page 17, page où Staline est écroulé au sol sur une pleine page, on voit apparaître comme un titre ‘La mort de Staline’ chapitre 1 : agonie. On se dit alors que l’album est divisé en plusieurs chapitres. Si on s’étonne que le premier chapitre arrive si tard, on se dit qu’on a lu le prologue. Pourtant, on ne trouve nulle part d’autre de mention à un second chapitre. On ne voit pas bien où les auteurs ont voulu en venir. On se consolera en se disant que même les meilleurs font des erreurs. C’est humain et ça nous rassure.