7/10Mojo : le blues en noir et blanc

/ Critique - écrit par athanagor, le 14/08/2011
Notre verdict : 7/10 - Blues de travail (Fiche technique)

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En suivant un personnage composite, somme des expériences les plus significatives de bluesmen anonymes, les auteurs nous proposent une escapade à la découverte d’un genre musical fondateur.

192 pages, c’est ce qu’il faut pour exposer une grande partie de la vie de Slim Whitemoon, se concentrer sur les aspects les plus significatifs de sa vie
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de bluesman, et notamment ses rencontres avec des légendes du genre, et enfin nous dévoiler que ce personnage n’existe pas. Patchwork stylistique, Slim est un condensé de toutes ces figures discrètes qui tentèrent de se faire une place au soleil, et surtout un personnage qui va vivre toutes les mésaventures que ces centaines de prétendants ont vécues. De son périple initiatique vers Chicago, en train de marchandises, à un éphémère succès sur le sol européen, en passant par les affres que son sud natal réserve à ceux qui ont sa couleur de peau, Slim traverse la vie en comptant sur sa bonne étoile.

Nous promenant autant dans un pays que dans une époque, les auteurs de cet ouvrage se proposent de nous donner un petit cours de l’histoire du blues. Mais non contents de s’arrêter à un déballage d’artistes et de titres de chansons, ou encore de revenir sur le destins de quelques uns, ils englobent le tout, d’une manière plus ludique, dans une narration centrée sur ce personnage imaginaire. Cela permet non seulement d’articuler l’histoire du blues avec clarté, mais aussi de faire un point très net sur des aspects sociologiques. Les conditions de vie dont découlent les motivations du personnage principal, et de fait, des autres musiciens, nous apparaissent ici comme une mécanique parfaitement intelligible, et ce au fil des époques.

Pourtant, le projet souffre de son ambition. Tout le champ couvert est bien trop vaste
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pour ne pas donner parfois l’impression de raccourcis mal maîtrisés, et même à reconnaître une réelle qualité dans l’exposition, on se retrouve trop souvent sur sa faim. De même, l’idée du personnage composite est excellente pour donner au lecteur l’intuition, plus que la compréhension, du monde dans lequel il évolue. Mais trop calibré dans ce sens, il en devient vite une caricature qui n’arrive pas à gagner sa profondeur. Dans ces deux aspects, cette BD très ambitieuse reste trop souvent à la surface des choses qu’elle nous montre, et oublie même assez rapidement de mettre son propos au service de la définition ou de l’exposition de son titre. On est en effet un peu étonné, en fermant le livre de redécouvrir cette appellation. On se souvient alors avoir commencé la lecture en espérant une juste illustration de cette notion difficilement explicable, mais finalement, celle-ci ne transparaîtra pas véritablement au fil des pages.

Restera malgré tout un assez agréable ouvrage d’introduction au contexte du blues, qui se lit sans rechigner et se termine sans profonds regrets. Le trait y est d’ailleurs pour beaucoup, qui s’obstine dans un noir et blanc dynamisé par une absence régulière de contours précis, et qui s’inspire bien souvent de photos d’époque, qu’on a tous croisé ici ou là, donnant à l’ouvrage une certaine réalité.