8/10Mister Hollywood - Tome 2 - Jersey Boy

/ Critique - écrit par riffhifi, le 09/02/2010
Notre verdict : 8/10 - Orson is alive and wells (Fiche technique)

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Un deuxième volet à la hauteur du précédent, axé sur une étude familiale assez fine qui prend ses distances avec la peinture d'Hollywood faite par le premier tome.

Il y a un an, le premier tome de Mister Hollywood était une bien agréable surprise, proposée par un Gihef qui délaissait son poste habituel de dessinateur pour signer un scénario subtil mais accessible et prenant. Entre-temps, la collection Repérages de Dupuis a cessé d'exister, ce qui n'empêche heureusement pas la publication de ce deuxième album. A la fois suite satisfaisante et changement judicieux de thèmes et de personnages, Jersey Boy montre la constance du talent d'écriture de Gihef.

Au cœur de l'histoire, on trouve la mort du père d'Orson Wells. Le jeune scénariste, qui devait à son père farceur et cultivé le même type de fardeau
patronymique que son frère Herbert, s'en retourne auprès des siens pour l'enterrement. Si l'occasion se prêtait déjà au règlement de comptes et à la mauvaise ambiance, l'ajout dans la balance du turbulent Marsellus Bullock catalyse et envenime les choses...

Contrairement à ce que le sujet pourrait laisser penser, ce deuxième tome s'avère moins ouvertement mélodramatique que son prédécesseur : la mort du papa n'est pas tant un argument lacrymal qu'un prétexte pour analyser les rapports au sein de la famille du héros. Avec finesse et psychologie, l'auteur met au jour les ressorts qui animent les relations tendues entre Orson, Herbert et leur mère, assisté par le dessin sobre d'Eric Lenaerts. Ce dernier sait aussi se rapprocher des personnages pour les rendre plus expressifs de temps à autre, mais laisse globalement l'intrigue et les dialogues guider le lecteur. Discret, l'aspect visuel de la bande dessinée n'est pas innocent pour autant, et on s'interroge notamment sur la passion que cultive Orson pour les chemises rouges à motifs...

« Et cet enfoiré de Steve Martin me colle un procès ! Je lui aurais accidentellement froissé une couille dans la mêlée... Ce mec n'est pas si
drôle qu'on le dit, si tu veux mon avis. »

Autour de la question familiale, qui est loin d'être réglée à l'issue de ce tome, Gihef continue néanmoins de peindre (par plus petites touches) un portrait mordant du milieu hollywoodien, à la fois symbolisé et exécré par Marsellus, un scénariste dont le franc-parler et l'acidité ne cachent qu'imparfaitement son aptitude à se vautrer dans le système : drogue, superficialité, arrogance... Attachant mais déglingué, il renvoie à Orson l'image de ce qu'il pourrait facilement devenir d'ici quelques années. Celui-ci cristallise ses craintes dans le script qu'il écrit, inspiré du mythe de Frankenstein. Mais quelle alternative s'offre au jeune homme : ne pas vivre son rêve ?... Réponse dans les prochains tomes. Un seul par an, vous êtes sûrs ?