Miriam Katin : Seules contre tous et Lâcher prise

/ Article - écrit par plienard, le 30/01/2014

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Deux livres autobiographiques de Miriam Katin, auteure hongroise exilée aux Etats-Unis après la seconde mondiale.

Miriam Katin est auteure de bande dessinée, juive et hongroise. Elle utilise ce triptyque pour nous faire découvrir son existence, son humour, mais aussi son intransigeance.


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Seules contre tous – note : 6/10


Une image forte de sens.

Dans une Hongrie devenue nazie, il reste encore quelques jours avant que Miriam Katin et sa mère Esther ne soient expulsées de l’appartement qui leur appartient. Leur faute ? Le fait d’être juives évidemment. Même le concierge, d’habitude si gentil, les presse de partir. Esther décide alors de fuir avant d’être rafflée. Et c’est une longue fuite jusqu’à la fin de la guerre que la mère et la fille vont subir : se cacher des allemands, devenir la servante de gentils paysans, fuir l’arrivée des russes en pleine tempête de neige, cacher son identité, la peur sans cesse  ....

Bouleversant témoignage de Miriam Katin, cet album réédité aux éditions Futuropolis alternent les pages aux crayons couleurs pour les années de paix - les années américaines - et celles au crayon gris pour les années de guerre. Le trait est fin et minutieux, et sait être imparfait, dur et sombre lorsque le malheur et la tragédie sont présents. Une sorte de rage ressort alors des pages. L’auteur parvient à exprimer ses sentiments de peur mais aussi de questionnement sur Dieu et sa religion.

Si le livre est émouvant, mais il souffre parfois d’aller un peu trop dans le pathos. Il reste qu’on est admiratif de la mère de Miriam qui a trouvé la force pour survivre malgré ce qu'impliquait son état de femme et surtout de femme juive.

 

Lâcher prise – note : 4/10


DR.

Le deuxième album de Miriam Katin, aux éditions Futuropolis, est toujours autobiographique. Après les horreurs de la guerre, la voilà confrontée à un grave dilemme. Son fils part vivre à Berlin et veut demander la nationalité hongroise (celle de sa mère). C’est un choc pour Miriam qui ne voulait plus entendre parler de cette région du monde et ne plus rien avoir avec eux.

Après l’émotion suscitée par le premier album, on est déçu par celui-ci. L’auteur exprime sa difficulté à trouver un sujet intéressant pour son nouveau livre (celui-ci) et qu’elle trouvera grâce à son fils. Mais cette difficulté se ressent aussi au niveau du lecteur, qui ne voit pas bien l’intérêt de tout cela d’où une impression de longueur au début du livre qui nous retient uniquement par son humour assez glacial. Miriam Katin n’arrive à trouver le bon angle pour débuter. Elle se disperse, elle se cherche, se laisse distraire par tous les bruits environnants. Son fils va lui donner l’occasion de traiter d’un sujet : elle et son aversion pour l’Allemagne et les allemands, comparés à des cafards ou des punaises.

Mélange d’humour et de gravité, ce livre est écrit avec légèreté mais souffre de la dispersion de son auteur et de son indécision. Son malaise avec l’Allemagne et les allemands n’est pas toujours très clair (même s’il est compréhensible et normal à la lecture du premier livre Seules contre tous) et frôle le racisme primaire qu’elle arrive à désamorcer avec un peu d’humour au travers de sa caricature et de cette scène hallucinante de la diarrhée dans l’hôtel.

Miriam Katin se raconte avec vérité et sans ambages, ni pour les allemands ni pour elle, et on apprécie cela.