Notre mère la guerre - Tome 1
Bande Dessinée / Critique - écrit par naweug, le 01/11/2009 (Tags : guerre notre mere kris mael tome premiere
Notre mère la guerre n'est pas un énième récit sur la guerre de 14-18. Trois femmes sont froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d’adieu...
Après Un homme est mort et Coupures irlandaises, Kris revient chez Futuropolis avec une nouvelle série, prévue en trois tomes. Il est accompagné cette fois par Maël au dessin. Sous le couvert d'une intrigue policière, il nous raconte le quotidien des hommes pendant la Première guerre mondiale. Ou plutôt leur enfer.
Janvier 1915. C'est la guerre en Champagne, et partout ailleurs en Europe. Déjà six mois que les hommes se traînent dans la boue et le froid et meurent chaque jour. Ils espèrent que ça va bientôt se finir, tentent de garder espoir en se réchauffant à coup de gnôle... mais aucun n'est dupe. Personne ne veut aller sur le front, surtout depuis qu'un meurtrier y opère : trois femmes y ont été tuées. Toutes semblent avoir été assassinées par le même homme, qui laisse une lettre d'adieu à chaque fois, cachetée à la boue des tranchées. Un lieutenant de gendarmerie va alors tenter de prendre les choses en main. Sauf qu'il est loin de se douter que la réalité est aussi violente. Son côté "juste" sera très vite mis à mal devant tant de brutalité.
Kris et Maël signent là un album fictionnel à l'aspect très réel. La guerre est sale, les hommes sont crevés, les combats sont incessants, la nuit est glaciale... La femme y a une place très ambigüe : à la fois mère et amante, elle occupe une place particulière dans le coeur des soldats. On apprend aussi que ces derniers sont souvent des criminels ou des délinquants qui sont envoyés sur le front.
On aurait pu croire que tout avait déjà été fait sur la guerre de 14-18. Et pourtant, Notre mère la guerre est un récit dans lequel on se plonge avec délectation. Le travail de Maël crée une ambiance qui renforce le réalisme des dialogues et des péripéties. On pourrait reprocher un petit effet de longueur vu que l'intrigue ne se déclenche que vers la fin. Mais le reste est tellement bon qu'on aura vite fait d'oublier ce détail !