9/10Mauvais garçons - Soleas 1 et 2

/ Critique - écrit par naweug, le 27/11/2009
Notre verdict : 9/10 - Baila con migo (Fiche technique)

Tags : mauvais garcons benjamin christophe tome dabitch flao

Mauvais garçons est une ode au flamenco, à l'amour, à la virilité, à la sensualité, au rêve et à l'être humain. Laissez-vous guider en pays andalou...


Cela fait un petit moment que je tente de noircir le papier (enfin l'écran) avec des mots pour vous parler de Mauvais garçons. Et je ne sais pas par où commencer. Dois-je déjà dire que ce diptyque est rentré dans mon top 5 de 2009 ? Ou dois-je au contraire vous raconter moultes choses à son propos avant de l'affirmer ? Une chose est sûre : vous ne verrez plus le flamenco de la même manière après l'avoir lu.


Christophe Dabitch et Benjamin Flao ont signé là un très bel album. Ou plutôt deux très beaux albums, parus avec à peine un mois d'intervalle. Comme David Prudhomme qui nous parlait de rébètes et de leur
Rébétiko, ils nous invitent à vivre l'espace d'un instant le quotidien de Manuel et Benito, deux "mauvais garçons" passionnés de flamenco.  Le premier a vécu en France, avant de revenir en Andalousie, tandis que le second n'en a jamais bougé et y restera toute sa vie. Le premier a rencontré Katia, dont le père est un célèbre chanteur de flamenco et qu'elle veut fuir en partant à Séville, alors que le second est promis à Rosita, jeune femme du coin sans histoires. Le premier rêve de vivre de chant, d'amour et d'eau fraîche, alors que le second est blasé, va aux putes et n'arrive pas à envisager de vivre de sa passion.

Les deux créent une espèce de magie qui nous tient en haleine sur les deux albums. Les pages résonnent de leurs chants, de leurs souffrances, de leurs questions, de leurs désillusions... Il n'y a pas de dialogue superflu. Les pages muettes regorgent d'intensité et les chants qui les ponctuent résonnent à nos oreilles longtemps après avoir refermé les albums. L'amour qu'ils ressentent pour leurs femmes est aussi fort que celui qu'ils ont pour la soléa, ce chant qu'ils ont dans la peau et qui parle justement de cet amour. A la fois virils et sensuels, ils nous transportent dans des endroits insoupçonnés de la vie. Car Mauvais garçons est aussi une bande dessinée sur l'être humain. 

On pourrait croire qu'elle a été réalisée par des Espagnols tant tout sonne juste.  Les textes eux-mêmes sont à la fois écrits en français et en espagnol. Avec beaucoup de sensibilité et de finesse, les auteurs nous transmettent la fièvre électrique qui embrase tous les artistes qui n'en vivent pas. La bichromie laisse aussi une grande part à la rêverie et nous laisse fantasmer un pays qu'on imagine aisément plein de couleurs chaudes et chamarrées. Lisez Mauvais garçons et laissez-vous bercer aux sons de cette belle musique espagnole. Vous vous surprendrez à battre la mesure au rythme des cases.